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Au Tchad, le régime libère 58 prisonniers politiques, mais garde en détention l’ancien chef rebelle Baba Laddé

Au total 58 prisonniers politiques ont été libérés ce lundi après-midi, de la maison d’arrêt de N’Djaména suite à l’amnistie qui leur a accordée en juin 2018.

Le ministre de la Justice et des droits Humains, Djimet Arabi a présidé ce 31 décembre 2018 une cérémonie de libération de 58 détenus politiques de la Maison d’arrêt d’Am-Sinéné à N’Djaména. Les détenus ont bénéficié de l’amnistie du despote tchadien en vertu de l’ordonnance n° 19 de juin 2018 portant amnistie des atteintes à l’intégrité de l’Etat.

Les 58 personnes avaient été inculpées pour atteinte à l’intégrité de l’État à cause de leur appartenance à des mouvements politico-militaires.

Moussa Tao Mahamat et ses proches

Parmi eux, Moussa Tao, ancien rebelle ayant regagné la légalité, mais accusé, en 2003, d’avoir fomenté une tentative de coup d’État contre l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 29 ans.

Mais l’ancien chef rebelle du Front populaire pour le redressement (FPR), Baba Laddé ne fait pas partie des détenus libérés malgré son état de santé jugé très grave par plusieurs ONG des droits de l’Homme. La loi d’amnistie est normalement en faveur de tous les opposants politico-militaires du régime.

Le caractère inoffensif comme critère?
« L’amnistie est un pardon légal qu’on accorde suivant un certain nombre de critères qui pourraient êtres définis. Pourquoi on accorde l’amnistie à certains et pourquoi on la refuse à d’autres ? Je pense à Acheikh Ibn Oumar qui est rentré  et je pense aussi à Baba Laddé qui est en prison. Tous les deux, théoriquement, devraient bénéficier de cette amnistie mais ce qu’il faut retenir en tant que défenseur des droits de l’Homme, au Tchad la loi n’est pas valable pour tout le monde. Les Tchadiens ne sont pas égaux devant la loi. Donc moi je ne suis pas étonné que Monsieur Acheikh puisse bénéficier de l’amnistie accordée à tous les opposants politiques et que d’autres qui ne sont pas de la bonne conviction politique ou mieux encore, qui sont jugés offensifs puissent ne pas bénéficier de cette amnistie »,explique Maitre Midaye Guerimbaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH).

« Ici, le droit, c’est la parole de Déby »
Une position que partage aussi, le Député Saleh Kebzabo. Pour lui, le Tchad est tout sauf un pays de droit. « Lorsque cette loi a été promulguée, le ministre de la justice a dit que c’est une loi qui efface toutes les infractions qui ont été commises et de façon rétroactive. Même ceux qui ont détourné de l’argent, ceux qui ont tué. Donc, le ministre de la justice a fait même une lecture extensive de cette loi. Le Tchad n’est pas un pays de droit a proprement parlé. Ici, le droit c’est la parole de Déby. S’il dit de faire quelque chose contre la loi on le fait, s’il n’a ordonné la libération de tous ces gens là on ne va pas les libérer, même si sa propre loi qu’il a signée les étend. L’être humain n’a aucune importance dans notre pays. Qu’on meurt en prison, c’est pas le souci du pouvoir »,  déclare M. Kebzabo.

Le directeur de l’administration pénitentiaire d’Am-Sinéné, Abdoulaye Chérif a indiqué que cette amnistie a pour but d’amener les bénéficiaires à s’amender, se repentir et s’adapter dans leurs communautés d’origine par, dit-il, une réinsertion.

Le ministre de la Justice Djimet Arabi a appelé les désormais ex détenus d’être des citoyens modèles en rappelant que le Tchad a souffert des affres de la guerre et que, a-t-il insisté, la seule lutte actuelle est celle du développement.

TchadConvergence avec APANEWS

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