Au Tchad, finalement qui assure la communication gouvernementale ? Les Affaires Étrangères, la présidence ou bien le Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement ?
Une cacophonie totale dans la communication gouvernementale, il a fallu la tentative de coup d’État au Gabon pour comprendre réellement le « déficit communicationnel du régime ». Comment qualifie-t-on les différentes déclarations de ce lundi matin des différentes personnalités qui réagissent au nom de l’État Tchadien.
D’abord, le Ministre des Affaires étrangères, sur son compte Twitter, écrit en ce terme: « Le Tchad condamne avec fermeté le coup de force en cours au Gabon contre les institutions de l’Etat, et appelle tous les acteurs politiques gabonais à régler leur différend dans le respect de l’ordre constitutionnel en place», déclare Mahamat Zene Cherif dès les premières heures du coup de force.
Le Tchad condamne avec fermeté le coup de force en cours au Gabon contre les institutions de l’Etat, et appelle tous les acteurs politiques gabonais à régler leur différend dans le respect de l’ordre constitutionnel en place.— Chérif Mahamat Zene (@Cherif_MZ) 7 janvier 2019
Par la suite, le chef de la diplomatie tchadienne, Chérif Mahamat Zene insulte de « colon » l’écrivain Thomas Dietrich qui avait réagi à son tweet:
Ce courageux Ministre m’a répondu que j’étais un colon ; ce à quoi j’ai répliqué. Il m’a alors immédiatement bloqué, puis a supprimé son tweet (malheureusement, je n’ai pu faire de capture d’écran). Que voulez-vous, tout se perd, même les grands diplomates. #Tchad
— THOMAS DIETRICH (@thomasdietrich0) 7 janvier 2019
Dans la journée s’en suivra la déclaration du Porte-parole du Ministère des Affaires étrangères dans un communiqué laconique écrit en ces termes: « le Ministère des Affaires étrangères condamne avec fermeté la tentative de coup d’État au Gabon de ce matin du 7 Janvier 2019 », s’exprimant au nom du département. Il a ensuite déclaré que « Le Tchad réaffirme son rejet de toute tentative de changement anticonstitutionnel et appelle tous les acteurs à privilégier le dialogue dans le respect de l’ordre constitutionnel». « La stabilité du Gabon qui a été longtemps un exemple dans la sous-région mérite d’être protégée et raffermie par des approches légales et consensuelles » conclut le porte-parole.
Dans la soirée, C’est la Présidence de la République par le biais de la Direction de la Communication qui réagit à travers un communiqué « C’est avec indignation que le Président de la République du Tchad, Président en exercice de la CEMAC, Idriss Déby Itno a appris les agissements d’une poignée de soldats qui ont tenté ce matin de déstabiliser les institutions de la République Gabonaise», souligne le communiqué.
Au finish, qui représente l’État ? Qui doit s’exprimer au nom du gouvernement ? Qui a la charge de porter la voix du gouvernement ? Quel est le rôle du Ministre de la communication, porte-parole du gouvernement ?
L’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 29 ans, qui n’est pas « arrivé au pouvoir par un vol d’Air Afrique », craint l’effet de contagion et condamne par peur que par principe.
Pendant ce temps, le dictateur gabonais Ali Bongo est toujours au Maroc, après avoir été victime d’un AVC en octobre dernier. Le 31 décembre, il a adressé ses vœux aux Gabonais, mais n’a pas réussi à rassurer sur son état de santé.
Malgré son échec, la tentative de coup d’État témoigne une fois encore de l’instabilité du Gabon depuis l’élection de 2016 . Avec l’absence d’Ali Bongo, le futur du pays est plus que jamais incertain.
TchadConvergence avec Tchadforum