Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ce vendredi 15 mars à Genève, le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, chargé des Droits Humains, Djimet Arabi a indiqué que le Tchad avait accepté la « quasi-totalité » des recommandations, soit exactement 195 recommandations sur 204 reçues. Selon M. Arabi, cela dénote de sa « posture volontariste ».
S’agissant des neuf recommandations restantes, il a assuré que le Tchad continue d’en étudier la faisabilité. Concernant la peine de mort, abolie pour les crimes de droit commun et maintenue pour les crimes relevant du terrorisme, le Tchad s’est engagé à observer un moratoire, a-t-il souligné, avant de rappeler que le pays du dictateur Idriss Déby faisait face à de « nombreux défis liés au terrorisme et aux changements climatiques ». « Toute mise en oeuvre des recommandations ayant un relent sécuritaire doit tenir compte impérativement de cette dimension », selon Djimet Arabi. En réponse à certaines remarques, le Ministre Djimet Arabi a précisé que le droit de manifester avait été limité pour des raisons liées au contexte sécuritaire, marqué par le terrorisme, insistant sur le fait que cette limitation était purement circonstancielle.
Au début de la semaine dernière, 80 organisations de défense de la liberté d’expression et des droits des médias à travers le monde ont appelé le Rapporteur Spécial de l’Union africaine (UA) sur la liberté d’expression et l’accès à l’information et le Rapporteur Spécial des Nations Unies (ONU) sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’Opinion et d’Expression à intervenir pour mettre fin au blocage prolongé des réseaux sociaux au Tchad.
Dans une pétition signée le mardi 12 mars 2019, les organisations de défense de la liberté d’expression ont déclaré que, depuis le 28 mars 2018, les opérateurs de téléphonie mobile au Tchad ont bloqué l’accès aux plateformes des réseaux sociaux, notamment Twitter, Facebook et WhatsApp.
Les pétitionnaires ont affirmé que ce blocage visait à réprimer les manifestations publiques à travers le pays en sapant la capacité de mobilisation des citoyens grâce au pouvoir d’internet et des plateformes des réseaux sociaux, ce qui constitue une violation de la liberté d’expression en ligne des Tchadiens et du droit d’accès à l’information.
Les 80 signataires de la pétition ont noté que le blocage des réseaux sociaux au Tchad, qui est maintenant la plus longue perturbation du réseau en Afrique, viole plusieurs résolutions, notamment la résolution de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), résolution CADHP. 362 (LIX) 2016, qui condamne «la nouvelle pratique des États parties d’interrompre ou de limiter l’accès aux services de télécommunication tels qu’internet, les réseaux sociaux et les services de messagerie».
Les pétitionnaires ont déploré le fait que le blocage a paralysé les activités des étudiants, des écoles et des entreprises utilisant l’internet, cependant le gouvernement du président Idriss Déby a refusé de répondre à plusieurs appels visant à mettre fin à ce blocage.
«Les appels répétés des groupes nationaux, régionaux et internationaux de défense des droits à l’endroit de l’administration dirigée par Idriss Déby pour rétablir l’accès aux plateformes de réseaux sociaux se sont révélés vains», ont déclaré les pétitionnaires.
Ils ont donc appelé le Rapporteur Spécial de l’Union Africaine (UA) sur la liberté d’expression et l’accès à l’information, Lawrence Murugu Mute, et le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression, David Kaye, à intervenir pour s’assurer du rétablissement de l’accès aux réseaux sociaux au Tchad.
Cliquez sur les hyperliens pour accéder aux pétitions adressées au Rapporteur spécial de l’Union africaine, Lawrence Mute, et au Rapporteur Spécial des Nations Unies, David Kaye, respectivement.
TchadConvergence
La dictature de Deby durcit de jours en jours