Treize manifestants ont été arrêtés ce jeudi 25 avril à N’Djaména lors d’une marche contre la pénurie de gaz dans le pays. La manifestation avait été interdite par le ministère de la Sécurité.
Au Tchad, treize manifestants:
Ray’s kim; Abdoulaye Younous Mahadjir; Manga Jean-Bosco; Orti Zenab; Tokama kemaye; Racky Diallo; N2A Teguil; Aimé Aissadji Bona; Deuh’b Zizou; Kemba Didah Alain; Toussaint Balama et Digri Parterre dont des artistes et activistes, ont été arrêtés au cours d’une marche pacifique de protestation contre la pénurie de gaz butane, ce jeudi matin.
Annoncée sur l’ensemble du territoire national, la marche n’a été observée que dans la capitale tchadienne par une poignée de manifestants. En effet, cette manifestation avait été interdite par un arrêté du ministre la Sécurité et son initiateur, Versinis Nelly Dingamnayel, président du Collectif tchadien contre la vie chère, arrêté la veille de le la manifestation, a été contraint par les autorités d’appeler à l’annulation de la marche. La pénurie dure depuis des mois dans le pays.
Il était six heures du matin lorsque les manifestants ont décidé de braver l’interdiction et ont commencé par marcher de l’Assemblée nationale vers le centre de la capitale. C’est alors que les éléments de la police nationale déployés aux alentours du bâtiment de l’Assemblée nationale ont procédé à leurs arrestations. Treize personnes, dont deux artistes rappeurs, deux comédiens et neuf activistes, parmi lesquels la romancière Zenaba Tidjani Idriss Dinguest ont été interpellées, frappées et jetées dans deux pickups qui les ont ensuite conduit en direction de la coordination de la police nationale. Le régime du dictateur Idriss Déby craint un syndrome soudanais, le despote Oumar el-Béchir a été destitué suite à d’immenses manifestations pacifiques.
Les treize manifestants ont été conduits ce vendredi matin au parquet de N’Djaména pour les présenter au juge. Mais, à peine arrivé au parquet, les jeunes ont été aussitôt ramenés à la Police judiciaire. Aucune explication n’a été donnée.
Pressions sur l’organisateur de la marche
Deux jours avant la marche, l’initiateur principal de l’action, Versinis Nelly Dingamnayel, avait donc été arrêté lui aussi et torturé selon des sources concordantes. Versinis Nelly Dingamnayel a été ramené mercredi après midi à son domicile, par les agents de la police et des renseignements généraux, qui l’ont contraint à réclamer la suspension de la marche, dans une déclaration lue à la presse.
Un acte inadmissible pour beaucoup. « Toute déclaration sous l’emprise de la contrainte et de la violence est nulle », estime Maître Laguerre Djerandi Dionro, avocat au barreau du Tchad et juriste consultant. « Je me dis aussi que le courage a manqué à Versinis par ce que lorsqu’on est un leader et qu’on est convaincu de l’engagement qu’on a pris, en connaissant les risques, alors mis dans cette situation ou la presse est présente, même si au départ on voudrait m’obliger à signer un acte ou à faire une déclaration, ce serait le moment ou jamais pour moi de dire : je ne peux pas faire cette déclaration. Et la presse est témoin. »
« Signal négatif pour les droits humains »
Dans un communiqué, Amnesty International a déclaré que l’interdiction de la manifestation pacifique de ce jeudi au Tchad est un signal négatif pour les droits humains. Pourtant, il y a moins de cinq mois, les autorités avaient accepté les recommandations de la communauté internationale visant à amender les textes restrictifs sur les réunions publiques et protéger le libre exercice du droit de manifester pacifiquement. Pour Amnesty International, par cette décision, les autorités tchadiennes indiquent leur manque de volonté à créer un environnement dans lequel des citoyens peuvent exercer leurs droits fondamentaux sans crainte.
Cliquez pour écouter Tity Agbaney, chargée de campagne pour l’Afrique centrale à Amnesty International, sur RFI.
TchadConvergence avec la Deutshe Welle