Au Tchad, la polémique enfle autour d’une initiative tendant à réduire le prix des denrées alimentaires dans les commerces. Un opérateur économique à l’origine du concept accuse le président de la Chambre de commerce d’usurpation. En tout cas, à N’Djamena, les prix des denrées alimentaires devraient diminuer dans les jours à venir.
C’est une bataille entre opérateurs économiques autour d’une problématique : comment rendre accessibles les produits de première nécessité à un moindre coût au profit des populations ?
L’opérateur économique Mahamat Nour Abakar a fait valider par la présidence le principe d’un groupe de « magasins bénis » – c’est le nom du projet – où les denrées seraient vendues à un prix abordable. Mais il dit avoir été floué par le président de la Chambre de Commerce, d’Industrie, d’Agriculture, des Mines et d’Artisanat (CCIAMA), Amir Adoudou Artine et le ministre de la Communication, Oumar Yaya Hissien qui auraient tenté de le contraindre à céder son projet moyennant commission.
Le concept du projet consiste à vendre les produits alimentaires de première nécessité dans toutes les boutiques de la ville de N’Djamena avec une réduction de 15% et à prix fixe partout.
Mercredi 24 avril 2019, le président de la Chambre de commerce a invité l’initiateur du projet dans son jardin en dehors de la ville de N’Djamena, dans une forêt déboisée, pour le sommer, soit de lui proposer un pot-de-vin, soit de lui vendre le projet, d’après Mahamat Nour Abakar. Le promoteur du projet dit avoir été « séquestré par trois membres de la famille du président de la Chambre de commerce pendant plus de trois heures de temps » pour le contraindre à lâcher le projet Magasin bénis ou le situer sur sa position.
« Le président de la Chambre de commerce a fait venir un camerounais avec qui on a longuement échangé sur la viabilité du projet. Suite à notre échange, le camerounais a trouvé que le projet est innovateur. J’ai été pris en otage par le président de la chambre de commerce et trois autres membres de sa famille, avant d’être rejoint par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Oumar Yaya Hissein que je devais rencontrer vers 12 heures pour échanger dans le cadre du projet afin de m’accompagner sur le plan médiatique. J’ai été surpris par l’attitude du ministre de la Communication instruit par les hautes autorités d’accompagner ce projet, qui m’a dit clairement que mon projet ne passera ni à la Télé Tchad ni à la radio tant que je ne ferai pas de concessions avec le président de la Chambre de commerce, en lâchant le projet à son profit ou bien en lui proposant sa quote part. Je me suis montré intransigeant », a expliqué l’initiateur du projet, Mahamat Nour Abakar à Alwihdainfos.
Ce qui l’a poussé à porter plainte : « Je porte plainte parce que d’abord, j’ai été séquestré. Et ensuite parce que, mon projet a été volé parce que j’ai placé ma confiance en ce monsieur pour lui montrer mon document. Chaque trahison doit être sanctionnée ».
Pour le président de la Chambre de commerce, l’opérateur économique n’a simplement pas été convaincant. « Il s’avère qu’il n’a pas réussi à convaincre une seule personne sur la faisabilité du projet en question, et que l’équipe qui était en place, il fallait qu’elle réfléchisse très rapidement sur un concept pour pouvoir contrecarrer un peu la hausse des prix », dit Amir Adoudou Artine.
La Chambre de commerce a lancé entre temps un concept intitulé « juste prix » qui a pour objectif de pousser les commerçants à accepter de contribuer à un nivellement des prix des denrées alimentaires de première nécessité en excluant les faux frais et autres taxes inutiles.
TchadConvergence avec Alwihdainfos et RFI