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Au Tchad, le niveau de la malnutrition aiguë sévère est inquiétant, 16 provinces sur 23 au-delà du seuil d’urgence

Selon une alerte du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) au  Tchad, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, les déplacements de population et les urgences sanitaires entraînent plus de 7, 5 millions de personnes, soit la moitié de la population tchadienne, dans une vulnérabilité aiguë ou chronique, exacerbée par le faible niveau de développement, les risques climatiques et les crises économiques. Près de 4,3 millions de personnes, dont 51 % de femmes, ont besoin d’une assistance humanitaire d’urgence et de soutien pour renforcer leurs moyens d´existence ; un chiffre global qui traduit une légère baisse de 2 % par rapport à celui de 2018 à la même période. Toutefois les besoins nutritionnels se sont creusés considérablement, accusant une hausse de 29 % par rapport au début de l´année 2018. En 2019, sur les 23 provinces que compte le pays, 16 sont en situation d´urgence nutritionnelle contre 13 en 2018.

L’insécurité alimentaire et la malnutrition

Près de 3,7 millions de personnes (51 % de femmes) sont affectées par l’insécurité alimentaire au Tchad, dont près de 519 123 en insécurité alimentaire sévère dans six départements des provinces du Tibesti et du Lac.
Quelque 2,2 millions de personnes ont besoin d’une aide nutritionnelle, soit une hausse de 29 % par rapport à 2018. Plus inquiétant encore, le nombre d’enfants à risque de malnutrition aiguë sévère (MAS) est passé de 220 000 en 2018 à près de 350 000 en 2019, soit une hausse de 59 %. La situation nutritionnelle est en constante dégradation et 16 provinces ont désormais atteint la phase d´urgence nutritionnelle. Le taux de malnutrition aiguë globale est de 13,5 %, tandis que la malnutrition aiguë sévère est de 4 %, un taux supérieur à celui de 2017 et au seuil d’urgence de 2 %.

Les mouvements de populations

Le Tchad compte plus de 657 539 personnes en situation de déplacement, dont 449 748 réfugiés et demandeurs d´asile, 124 078 personnes déplacées internes, 81 253 retournés tchadiens et 2 460 ressortissants de pays tiers. L’insécurité dans les pays voisins ne favorise pas le retour des populations en déplacement à l’Est, au Lac et au Sud du Tchad. Dans la province du Lac, les attaques fréquentes des villages par des groupes armés et des opérations militaires contre ces groupes, occasionnent de nouveaux déplacements et pérennisent l’état du déplacement des populations qui ne peuvent pas retourner dans leurs milieux d’origine suite aux contraintes sécuritaires. La dynamique de retour observée en 2017 s’est estompée suite au contexte sécuritaire fragile et en raison de l’accès limité aux services sociaux de base dans les zones de retour. A l’Est, 336 058 réfugiés soudanais présents au Tchad depuis 2003 ne bénéficient pas de perspectives de retour compte tenu de l’insécurité au Darfour. Il en va de même pour les réfugiés et retournés de la République centrafricaine au Sud du pays. Les personnes déplacées nécessitent une assistance multisectorielle urgente ainsi que des solutions durables pour leur intégration socio-économique. Ces déplacements ont fragilisé la situation des communautés hôtes estimées à 878 359 personnes ayant besoin d’un appui multisectoriel et d’un accompagnement pour avoir accès à des opportunités économiques.

Les urgences sanitaires

Le dysfonctionnement des structures sanitaires, exacerbé par le faible développement du pays, la pauvreté généralisée des populations et la faible couverture vaccinale (variant entre 10 et 37 %), limite l’accès aux soins de santé pour plus de 2 millions de personnes vulnérables y compris les enfants de moins de cinq ans, les femmes enceintes et allaitantes et les populations déplacées et nomades.
Le Tchad est touché par l´épidémie de rougeole qui affecte 39 districts sanitaires sur les 117 que compte le pays. La population est exposée également à d’autres maladies épidémiques comme le choléra et l’hépatite E qui avaient affecté les provinces du Sila et du Salamat en 2017. La prévalence d’autres pathologies (paludisme, méningite, tétanos néo natal, les infections respiratoires aiguës, …) est élevée et le taux de mortalité (133 pour 1 000) reste parmi les plus élevés au monde. Avec un taux de mariages précoces de 72 %, les adolescentes ont besoin d’une attention particulière. Les décès maternels représentent 45 % de tous les décès des femmes de 15 à 49 ans. La prévalence du VIH/SIDA parmi les adultes de 15-45 ans est de 1,6 % et affecte négativement le capital humain et les capacités productives des populations. Cette situation résulte du faible investissement dans le domaine de la santé, la faible couverture vaccinale, l’accès limité à l’eau potable, à l’hygiène et l’assainissement et l’accès limité des populations aux soins de santé primaire.

TchadConvergence

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