En fin d’après-midi de ce mercredi 15 mai, au quartier Ridina dans le 5ème arrondissement de la ville de N’Djaména la population a résisté face à la police du sous-poste du Commissariat de sécurité publique N°5 (CSP5). A l’origine, l’interpellation d’un motocycliste.
Les policiers du Commissariat de sécurité publique n°5 (CSP5) ont interpellé un motocycliste alors qu’il se trouvait à quelques mètres de chez lui. Après présentation des pièces de sa moto, les policiers voulaient embarquer l’engin pour un défaut dans les pièces présentées. Le ton monte entre les policiers et le motocycliste, le voisinage sera alerté et la résistance commence.
Jeunes, femmes, une centaine de personnes vont se regrouper autour du pickup de la police pour empêcher que la moto ne soit embarquée. Plusieurs tirs de sommation seront effectués pour disperser la foule mais en vain.
L’inhumation du jeune Mbaiguedem Richard ayant trouvé la mort après une détention au Commissariat de sécurité publique numéro 6 de N’Djaména a eu lieu ce même mercredi. Il faut rappeler qu’un commissariat de N’Djaména a été placé sous bonne garde mercredi 8 mai au soir face à la colère de la population. Il s’agit du commissariat du 6ème arrondissement de Moursal dont les policiers sont accusés d’avoir torturé à mort le jeune Mbaiguedem Richard et ils ont évité de justesse une expédition punitive des camarades du défunt qui accusent la police de bavure. La révolte a commencé mardi dernier quand des jeunes du quartier Moursal ont réalisé qu’un de leur camarade, interpellé une semaine plus tôt suite à une bagarre, s’est écroulé dans la rue alors qu’il venait d’être relâché par la police.
A l’occasion de la levée du corps à la morgue de l’Hôpital général de référence nationale de N’Djaména, les jeunes du quartier Moursal se sont habillés en noir pour la majorité. La police est intervenue à coup de gaz lacrymogène. « Les policiers l’ont pris, l’ont gardé et l’ont torturé jusqu’à ce qu’il perde la vie, explique à RFI l’un des jeunes. C’est la raison pour laquelle on manifeste. On veut que tout cela cesse, on veut le changement ! Ce n’est pas normal de soumettre une personne à des tortures ! On demande la justice ! ». Les services de renseignement, qui ont infiltré en masse la manifestation, ont aidé à l’interpellation de plusieurs dizaines de jeunes et fait arracher le matériel de travail du correspondant de la BBC et du reporter du journal Le Pays, un hebdomadaire paraissant à N’Djamena.
Selon un jeune du quartier de Rindina qui s’est confié à Tchadinfos, « c’est un ras-le-bol car chaque début du soir, les policiers du sous-poste CSP5 arnaquent la population surtout les motocyclistes ». Il explique que les jeunes évitent d’emprunter la voie près du sous-poste pour ne pas être verbalisés pour des raisons banales.
Les policiers que Tchadinfos a tenté d’avoir leurs versions des faits ont refusé de s’exprimer mais qualifient le comportement des jeunes de Ridina d’« incivique ».
Au Tchad et surtout dans la capitale, il y a une difficile cohabitation entre les forces de défense et de sécurité et la population. Cette dernière fuit quand elle aperçoit par exemple le véhicule de la police alors que normalement quand la police arrive la sécurité y est.
TchadConvergence avec RFI et Tchadinfos