La commission mixte de désarment a procédé à la présentation de 1 309 armes de guerre de tous calibres saisies entre les mains des civils pro-Déby dans le cadre du processus de désarmement lancé il y a de cela deux mois. C’est le Vice-président du conseil militaire de transition, le Général Djimadoum Tiraïnan qui a présidé ladite cérémonie ce mardi 31 août à la Direction générale de renseignements militaires à N’Djamena.
A première vue, on dirait que c’est l’arsenal d’une garnison militaire. Pourtant, ce sont des armes de guerre détenues illégalement par des proches du défunt Maréchal Idriss Déby. Des petits canons et des canons de longue portée, des Bi-tubes de 23 mm, des mortiers, des lances roquettes, SPG-9, RPG 7, des AK 47,… au total, 1309 armes de guerre et une quantité énorme de munitions, qui étaient détenues par des « civils » à leurs domiciles, et qui ont été saisies.
Ces armes sont parfois utilisées lors des conflits intercommunautaires. Pourquoi des telles armes se retrouvent entre les mains des civils ? Le Tchad est un pays complexe. Il arrive que le pouvoir en place distribue des armes aux membres de son clan pour « défendre leur pouvoir ». Il faut reconnaître que le régime d’Idriss Déby avait régulièrement distribué des armes de guerre à ses proches à chaque attaque rebelle et même au moment des résultats de l’élection présidentielle de 2016. Lors de la dernière attaque d’avril 2021 au cours de laquelle le président Déby a trouvé la mort, plusieurs armes de guerre auraient été distribuées dans les quartiers pour faire face à des éventuels combats dans la capitale tchadienne.
Le Président de la commission mixte, le Général Tahir Youssouf Boy souligne que des « moyens lourds ont employés et c’est avec le courage et le sens de responsabilité des forces de défense et de sécurité que ces armes ont été récupérées des mains des civils ». Il appelle tous ceux qui détiennent illégalement des armes à déposer à la commission mixte de désarmement et invite la population à collaborer avec les forces de défense et de sécurité dans l’accomplissement de sa mission afin que la quiétude devienne totale dans le pays.
Pour le vice-président du CMT, le Général Djimadoum Tiraïnan, le désarment des citoyens civils est une des solutions pragmatiques à l’insécurité dans certaines zones du Tchad. « Si la commission maintien cet élan nous atteindrons les objectifs qui sont le désarmement de tous les civils qui détiennent illégalement des armes de guerre et en font usage », indique-t-il. Le Vice-président martèle aussi que le CMT prend à bras le corps la récurrente question de désarmement des civils.
Selon certaines sources sécuritaires, la commission mixte n’a pas désarmé tous les civils armés jusqu’aux dents. Certains groupes paramilitaires proches de la junte actuelle auraient gardé leurs armes. Le Tchad a annoncé, il y a quelques jours, le retour de la moitié de ses effectifs combattant dans la zone dite « des trois frontières » au sein du G5 Sahel, soit plus de 600 soldats tchadiens. Pour ce retrait, le chercheur Roland Marchal évoque un climat politique à N’Djamena devenu délétère à cause des divisions internes au sein de la famille d’Idriss Déby. « La situation politique au Tchad reste fragile. Les négociations sont complexes et difficiles au sein du Conseil militaire de transition. Et souvent au Tchad, quand on ne sait pas faire de la politique, on essaie de jouer sur les effectifs militaires », confie le chercheur à TV5Monde.