Le Général Mahamat Idriss Déby, Président du Comité Militaire de Transition (CMT) à la tête du Tchad depuis le décès son père Idriss Déby, a entamé, dimanche, une première « visite d’amitié et de travail » de 48 heures à Doha, au Qatar.
Mahamat Idriss Déby a été invité par Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani, Emir du Qatar, pour cette première visite en terre qatarie, afin d’échanger sur plusieurs accords de coopération entre le Tchad et l’État du Qatar, et de renforcer les relations diplomatiques, ont rapporté les médias qataris.
À son arrivée à Doha, Mahamat Idriss Déby a été accueilli par l’Emir du Qatar autour d’un déjeuner.
Le Chef de la junte militaire a invité les opérateurs économiques qataris à venir investir dans son pays, ont indiqué les mêmes sources. le Tchad a besoin d’argent pour financer le coût de la transition et du dialogue national. La feuille de route adoptée par le gouvernement nécessite 841 milliards de francs CFA, soit 1,3 milliard d’euros.
Quelques jours avant cette visite à Doha, le directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI), Abebe Aemro Selassie, a tiré la sonnette d’alarme sur la détérioration de la situation économique et financière du Tchad sous l’effet conjugué des chocs subis par le pays : pandémie de Covid-19, baisse des cours du pétrole, changement climatique et attaques terroristes.
Selon le FMI, des entretiens récents avec les autorités du pays ont confirmé les inquiétudes de plus en plus vives que suscitent les difficultés de financement auxquelles le Tchad est confronté, et qui ont contraint les pouvoirs publics à réduire des dépenses sociales et de développement, jugées essentielles.
« Si ces dépenses ne sont pas rapidement rétablies à leur niveau antérieur, on peut craindre de graves conséquences en matière sociale et pour la sécurité du pays », prévient le directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI).
« La dette du Tchad n’est pas jugée viable. Un traitement de cette dette est donc indispensable et permettrait par la suite au conseil d’administration du FMI d’approuver des financements à l’appui du programme soigneusement calibré de rééquilibrage des finances publiques du Tchad, ainsi que des réformes convenues avec les services du FMI en janvier », a expliqué le responsable du fonds monétaire.
Il a, en outre, indiqué qu’un tel traitement permettrait également à d’autres partenaires pour le développement de débloquer des aides financières non négligeables.
Cette visite est l’occasion aussi pour parler de l’opposant politico-militaire Timan Erdimi établi de longue date dans l’émirat du Qatar.
La relation entre les deux pays a connu de nombreux bouleversements ces dernières années. Le Tchad, poussé par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, a rompu entre 2017 et 2018 ses relations diplomatiques avec le Qatar. Ce dernier était alors confronté à un blocus terrestre et aérien de la part de ses deux voisins, ainsi que de l’Égypte et de Bahreïn. Depuis 2018, les deux parties ont rouvert leurs ambassades, actuellement occupées de part et d’autre par des chargés d’affaires.
Depuis l’annonce de la mort du président Idriss Déby le 20 avril, son fils Mahamat Idriss Déby concentre presque tous les pouvoirs et s’est arrogé les titres de président de la République et de chef suprême des armées. Il a promis des élections « libres et démocratiques » à la suite d’un dialogue national censé réconcilier tous les Tchadiens. La période de transition est de 18 mois renouvelable, mais la junte n’a pas exclu une prolongation.