Au Tchad le gouvernement ouvre une enquête suite à un rapport qui met en cause plusieurs proches du chef de l’État. Tout est parti de la publication, dans des journaux suisse et canadien, d’articles mettant en cause des officiels tchadiens, en poste, dans le circuit de la vente du pétrole. A N’Djamena, le Garde des sceaux a donc annoncé qu’une enquête allait être diligentée pour vérifier, voire punir les auteurs de ces actes.
C’est d’abord un média canadien qui a publié une enquête mettant en cause la famille Bourma, très proche de la présidence tchadienne, qui a acquis plusieurs immeubles de luxe au Canada.
« Des individus de nationalité tchadienne auraient acquis, pour des biens publics tchadiens, de grands investissements de l’ordre de plus de 8,5 millions de dollars au Canada. Comme il s’agit d’accusations extrêmement graves mettant en cause les biens publics, il est de notre devoir d’ouvrir une enquête judiciaire », a déclaré le ministre de la Justice.
Quelques jours plus tard, c’est le journal Le Temps de Genève et l’ONG Swissaid qui produisent deux textes mettant en cause des officiels tchadiens qui ont été au centre de la vente du pétrole tchadien, en partenariat avec la multinationale Glencore, basée en Suisse.
Dans son rapport, l’ONG SWISSAID s’intéresse de près au secteur tchadien du pétrole, notamment aux activités de la multinationale suisse Glencore, négociant exclusif de l’État tchadien. Le rapport met en évidence des pratiques assez opaques dans la gestion des millions de dollars tirés de l’exploitation de l’or noir tchadien. Des revenus qui ne profiteraient qu’au président Idriss Déby et à sa famille, alors que la population végète dans la pauvreté.
«En 26 ans de pouvoir, Idriss Déby Itno, le président du Tchad a transformé sont pays en S.A. familiale corrompue. Son régime agit de façon de plus en plus répressive, des proches et des membres de la famille du président et de son épouse contrôlent de larges pans du secteur pétrolier. L’araignée au centre de cette toile de népotisme et de racket est la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT), le partenaire essentiel de Glencore au Tchad».
D’après l’étude qui rapporte certaines estimations, le président Déby devrait actuellement disposer d’une fortune de 50 à 100 millions d’euros sans compter la fortune amassé par son clan à travers plusieurs membres occupant des postes stratégiques au sein d’entreprises et d’administrations publiques mais aussi des réseaux qui s’étendent aux secteurs stratégiques de l’économie du pays.
Népotisme, malversations et corruption en particulier dans le secteur pétrolier, l’ONG n’est pas allée de main morte pour critiquer les liens entre la famille Déby et les grandes sociétés intervenant dans le secteur notamment Glencore. En à peine 5 ans, c’est-à-dire depuis le début de l’extraction de pétrole en 2012, la transnationale suisse des matières premières, est parvenue à se positionner comme l’acteur dominant dans le domaine pétrolier au Tchad, un partenariat des plus inégaux comme l’a mis en évidence le document. D’un côté, en effet, « un Etat appauvri au cœur de l’Afrique, touché par une crise économique massive et dirigé par un régime corrompu », et de l’autre, « une transnationale employant 155.000 personnes, dont le chiffre d’affaires annuel est de plus de 150 milliards de dollars, soit 15 fois plus que le produit national brut du Tchad ». Mieux encore, l’étude compare un pays où plus de 38 % de la population vit avec moins de deux dollars par jour, avec une entreprise dont le directeur général (CEO) a une fortune de 5.1 milliards de dollars avec « laquelle il peut subvenir pendant 24 ans aux dépenses de santé des douze millions d’habitants du Tchad ». Comme le souligne dans l’étude, le représentant d’une ONG locale, « la faiblesse et la corruption des institutions étatiques font que des entreprises se retrouvent dans une situation où elles peuvent pratiquement tout se permettre ».
Ahmat Mahamat Hassan, ministre tchadien de la Justice estime que ce sont des accusations suffisamment graves pour ouvrir une information judiciaire.
« Ce document n’a en réalité d’autres objectifs que de nuire à l’image du Tchad, de celle du Président de la République et de sa famille, sans considération aucune de la réalité du fonctionnement des institutions et de l’administration de notre pays. Le gouvernement dénonce vivement ce rapport dont la violence et le caractère tendancieux trahissent les intentions de ses rédacteurs », selon la ministre de la communication et Porte-parole du gouvernement, Madeleine Alingué.
« Il n’a pas échappé au gouvernement qu’il s’agit du troisième rapport dénonciateur et accusateur produit contre notre pays en l’espace de quelques jours, à ce moment où le Tchad à l’instar de tous les pays producteurs de pétrole traverse une crise économique profonde due à la baisse du prix du pétrole », a souligné Madame Alingué.
Elle ajoute que « les tchadiens sauront certainement faire la part entre la réalité incontestable et l’imagination des donneurs de leçons et autres procureurs moraux pourtant bien mal placés pour occuper cette fonction. Nous tenons à rappeler les efforts considérables réalisés par l’État tchadien dans le cadre de la paix et la stabilité, mais également dans le cadre de l’amélioration des conditions de vies de nos populations grâce aux ressources pétrolières en dépit de l’immensité des besoins et de la modestie de ces ressources. »
« Le gouvernent est en droit de s’interroger sur le caractère hasardeux de cette coïncidence curieuse et sur l’objectif réel poursuivi par les auteurs des différents rapports. En tout état de cause, le gouvernement assure de sa totale sérénité et se réserve le droit de donner les suites qui s’imposent à toutes les formes d’accusations susceptibles de porter atteinte à l’image et à l’intérêt de notre cher pays », a conclu la ministre de la communication.
TchadConvergence avec RFI, afrique.latribune.fr et Alwihda Info
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Quel rejet?quelle enquête?
C’est pour classer sans suite comme affaire des militaires disparus,le Tchad est trop faible pour ouvrir une enquête.
Arrêtez de nous faire tintamarre.
haha Madeleine on t’a fait lire ou bien?