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Arrivée des dictateurs Bongo, Déby et Sassou au sommet sur le climat à Paris: Macron et les Diasporas africaines ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde

A Paris, un jour et deux Afrique, les congolais au Bristol, les gabonais au Georges V : comment la diaspora perturbe le séjour parisien des présidents Sassou et Bongo. La journée de lundi a été le théâtre de manifestations d’activistes africains dans la capitale française, qui révèlent une opposition au discours officiel défendu par les représentants de Macron.

L’Afrique vue depuis Paris donne parfois l’impression de se retrouver dans un monde parallèle. Comme lundi, où trois hôtels parisiens ont été l’épicentre de visions bien différentes du continent et de ses relations avec la France.

Le premier se trouve près de la station Arts et Métiers. Les membres du Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), créé par Emmanuel Macron en août, y avaient donné rendez-vous à la presse française pour une première rencontre. Ce CPA composé de dix membres, Macron l’avait évoqué à l’université de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, lors de la tournée présidentielle en Afrique. Rappelant alors que ce conseil avait largement inspiré son discours et qu’il comptait sur ses membres pour lui faire remonter les échos du terrain. Ses yeux et ses oreilles en terre africaine, en somme.

Répression implacable
D’ailleurs, c’est bien au nom de cette politique, tabou du discours officiel, que la société civile de la diaspora s’agite elle dans d’autres coins de Paris ce même jour. Devant deux palaces parisiens, le Georges V et le Bristol. Deux hôtels de luxe au cœur du carré doré de la capitale. Le premier accueille Ali Bongo, qui s’accroche au pouvoir au Gabon malgré un scrutin, en août 2016, dont l’absence de transparence a été dénoncée avec une vigueur assez rare par l’Union européenne. Quant au Bristol, il abrite ce soir-là Denis Sassou-Nguesso, inamovible président du Congo-Brazzaville, officiellement réélu lors d’une élection tout aussi suspecte en mars 2016.

A Paris, dès la nuit de dimanche à lundi, les activistes gabonais ont réussi à tagguer de mots de bienvenue, certes peu aimables, sur la façade de l’ambassade de leur pays à Paris. Avant de se rendre dans la foulée à l’aéroport du Bourget, attendre ce chef sans État qui atterrissait avec un aréopage de fidèles censés faire illusion. Quelques échauffourées entre pro et anti-Bongo en ont résulté. Elles se reproduiront dans la matinée devant l’hôtel Georges V.

«Casser de la diaspora»
De son côté, Sassou-Nguesso a eu droit au même traitement devant l’hôtel Bristol où les forces de l’ordre devront disperser manifestants hostiles et supporteurs venus de Brazzaville et bien décidés «à casser de la diaspora» selon les paroles rapportées par les opposants au régime. «Comment tous ces gens ont-ils obtenu leurs visas ? Ce sont des miliciens à la solde du pouvoir, on les connaît !» s’insurge Roland, Congolais de Brazzaville bien décidé à gâcher le séjour du despote de son pays.

«Nous avons écrit une lettre à Macron lui rappelant qui était Ali Bongo», renchérit Franck, un activiste gabonais qui a fui son pays lors de la répression postélectorale d’août 2016. «Mais Macron est plus silencieux qu’une cathédrale et ce mardi, il s’apprête à recevoir Ali à déjeuner à l’Élysée. Parmi les philanthropes du climat», croit-il savoir, s’avouant «totalement déçu par Macron qui prétend parler d’avenir en Afrique et s’affiche aux côtés des potentats du continent».

Si le locataire de l’Élysée a cru pouvoir décréter la fin de la politique africaine lors de son passage à Ouagadougou, ces diasporas-là semblent penser que le cadavre bouge encore. A l’issue de cette journée parfois mouvementée, on pourrait suggérer aux membres du CPA de prendre attache avec cette réalité parallèle de la société civile, qui ne manque visiblement pas de «dynamisme».

Interdit de manifester pour les activistes Tchadiens
Les activistes de la Diaspora Tchadienne viennent de publier un communiqué pour dénoncer l’interdiction par le ministère français de l’intérieur d’une manifestation à côté de l’hôtel où sont logés le Président Idriss Déby et sa délégation. « Nous, Patriotes de la Diaspora Tchadienne de France, tenons à alerter l’opinion publique nationale française et l’opinion internationale de l’obstruction à manifester qui nous a été notifiée par le Ministère de l’Intérieur suite à une demande que nous avons introduite en vue de protester contre l’arrivée à Paris et les arrestations arbitraires que pratique au Tchad le dictateur Idriss Déby », dénonce le communiqué des patriotes de la Diaspora Tchadienne de France.

TchadConvergence avec le journal Libération

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