Au Tchad, ce devait être « le Jeudi de la colère », ce jeudi 8 février 2018. L’appel à la marche lancé par le Collectif tchadien des organisations de la société civile (CTOSC) contre la mauvaise gouvernance et les mesures d’austérité n’a pas été suivi à N’Djamena. Une mobilisation interdite à N’Djamena, où seuls quelques petits groupes s’étaient effectivement rassemblés avant d’être dispersés. Un impressionnant dispositif militaire a été installé dans les ronds-points et grands axes.
Les organisateurs du «Jeudi de la colère» le reconnaissent, la mobilisation a été très faible. Dans le Ve arrondissement, Mahamat Nour Ibedou, secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’homme (CTDDH) et un petit groupe sont sortis brièvement, le temps d’afficher une banderole.
Dans le VIe, des jeunes ont aussi tenté de se rassembler avant d’être dispersés.
Aucun homme politique, aucun leader syndicaliste n’a mis le nez dehors. Ils se sont tous terrés, comme disait le ministre de l’Administration du territoire, de la Sécurité publique et de la Gouvernance locale, « ceux qui appellent à des marches se cachent comme des petits lapins ». Pour certains d’entre eux, la Garde nationale et nomade du Tchad (GNNT), c’est leur peur bleue, il ne faut pas leur dire qu’il y a la GNNT dehors. D’autres sont complices du système, ce sont des faux opposants et faux syndicalistes. Il faut reconnaître qu’en 28 ans de pouvoir sans partage, Idriss Déby a terrorisé et corrompu une bonne partie de la classe politique et de la société civile tchadienne. Le despote du Palais rose peut dormir tranquille, « on a les hommes politiques que l’on mérite », dit le philosophe André Comte-Sponville. Les Tchadiens ont leur part de responsabilité dans la situation qui la leur.
Mais, ces soi disant leaders politiques ne vont pas tarder à sortir dès demain et organiser des conférences de presse pour dénoncer et dénoncer encore. Ils vont aussi publier des communiqués et encore des communiqués pour montrer qu’ils existent et pour que le système MPS ne les oublient pas, mais comme dit Ahamat Bachir, « les chiens aboient et la caravane passe ».
Globalement, le fonctionnement de la ville de N’Djaména n’a pas été perturbé. Ce qui inspire ce commentaire au porte-parole de la police nationale, le colonel Paul Manga: «Du moment où nos concitoyens vaquent normalement à leurs occupations, comme vous le constatez les agents de force sont aussi tranquilles dans les différents carrés qui leur sont confiés. C’est plutôt le jeudi de la joie».
En tout, douze manifestants ont été interpellés. Certains portaient sur des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Nous sommes fatigués».
Pour avoir soutenu un appel à manifester mardi, dix partis d’opposition –dont celui du député Djimet Clément Bagao, porte-parole d’une coalition de six partis– ont été suspendus mercredi pour deux mois pour « troubles à l’ordre public » et « incitation à la violence ».
Les syndicats, pour leur part, ont décidé de durcir leur position en suspendant le service minimum dans les hôpitaux, centres de santé et districts. Ils ont prévenu de la fermeture des abattoirs et aires d’abattage dans la capitale.
Depuis le déclenchement de la grève générale, fin janvier, aucune rencontre n’a eu lieu entre gouvernement et syndicats. «Le dialogue est dans l’impasse. Personne ne nous a contactés», a fait savoir, à APANEWS, un leader syndicaliste.
TchadConvergence avec AFP et RFI
Quelle surprise nous réserve le fameux dictateur quasi siliencieux depuis le début des recentes situation.