(N’Djaména, 19 mars 2018) – Le pouvoir MPS, avec à sa tête le dictateur Idriss Déby, lance ce lundi au Palais du 15 janvier à N’Djaména un forum dit « inclusif » sur les réformes institutionnelles, boycotté par l’opposition politique et la société civile.
Un forum « inclusif » sur les réformes institutionnelles de l’État sera ouvert lundi à N’Djamena, la capitale tchadienne, a annoncé dimanche Mahamat Ali Hassan, président du comité d’organisation de ce forum.
«En réalité, ce forum consacre l’expression d’une volonté politique forte, de tout mettre en œuvre pour moderniser nos institutions, en vue de les rendre plus efficaces, plus efficientes et surtout les adapter aux exigences de la situation actuelle de notre pays», a-t-il indiqué à la presse.
Mahamat Ali Hassan explique que ce forum, qui se déroulera du 19 au 27 mars 2018, est l’aboutissement des travaux d’un certain nombre de structures qui ont été mises en place en vue de recueillir et retravailler les propositions de toutes les forces vives du Tchad.
«Il sera essentiellement question de débattre d’un certain nombre de thèmes comme la réforme des grandes institutions de l’État, la réforme de l’appareil judiciaire, le régime parlementaire, la condition de la femme et sa participation dans la gestion publique, etc. », précise-t-il.
Après l’annonce de la tenue du forum, plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques de l’opposition ont fait des déclarations et publié des communiqués, pour manifester leur intention de boycotter le forum, dont les conclusions sont déjà connues d’avance.
Pour l’opposition politique tchadienne, ce forum ne vise qu’un seul objectif : la pérennisation du pouvoir de l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis 27 ans. C’est pourquoi, les ténors de l’opposition ont annoncé leurs refus catégoriques d’y prendre part. « Cette rencontre vise essentiellement à confisquer le pouvoir d’avantage. La question principale à évoquer lors de ce forum n’est que le mandat du président de la République et la remise d’un nouveau cycle de mandat, c’est ce qui est recherché. Mais il n’y a pas un projet de cohésion sociale, de paix, ni un projet de réconciliation nationale dans ce projet de forum. Donc c’est un projet de division qui est en cours. Lors des préparations de l’organisation de ce forum, nous avons posé des conditions pour notre participation, mais le gouvernement est resté sourd. C’est pourquoi nous évitons d’assumer la responsabilité historique de participer à cette rencontre dont nous serons comptable demain », estime Brice Mbaimong Guedoumbaye, Président du Mouvement des Patriotes Tchadiens pour la République (MPTR).
«Nous ne sommes pas dupes au point de participer à valider des projets institutionnels d’un régime autocrate, avec des agendas cachés, qui permettront de maintenir au pouvoir à vie le président Idriss Deby Itno», a déclaré Mahamat Ahmat Alhabo, coordinateur du front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement. «Ce forum est contre la volonté du peuple tchadien et nous ne reconnaîtrons pas les conclusions issus de ce panel», a-t-il affirmé.
Pour le mouvement citoyen, «Trop c’est trop», la société civile n’a pas été associée à l’élaboration des termes de références qui seront discutées lors du forum national de la réforme institutionnelle et ne participera pas à faire entériner des projets constitutionnels, taillés sur mesure par le régime.
«Une question de grande importance, comme la révision de la Constitution du pays doit faire l’objet d’un consensus national», a indiqué dans un communiqué publié, dimanche, le mouvement « Trop c’est trop ».
«Il ne suffit pas de modifier la constitution entière pour le plaisir de tenir une promesse électorale et verrouiller l’indépendance des institutions au profit d’un seul homme. Nous boycottons ce forum et nous demandons à tous les citoyens d’en faire autant», a-t-il conclu.
TchadConvergence avec Anadolu et Deutsche Welle