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Au Tchad, le ministre des Finances et du Budget se dit « fatigué » par le « harcèlement » des parents du Président Idriss Déby

Le ministre des Finances et du Budget, Issa Mahamat Abdelmamout, a accordé, il y a quelques jours, un entretien à la radio Natinale Tchadienne (RNT) dans lequel il s’explique longuement sur les méthodes de lobbying, de corruption, de harcèlement et de trafic d’influence qui détruisent le Tchad. « Il y a des choses que je ne savais même pas », reconnait-il.

« Depuis que je suis nommé ministre, ​des hauts cadres de ce pays, il y en a beaucoup qui me demandent de placer leurs proches à gauche, à droite. Ils harcèlent le directeur général des douanes, ils harcèlent le ministre des Finances, des ministres, des généraux, des députés. On est harcelés, on est fatigués : place moi untel à tel coin, place moi celui-là au pont, au conteneur, à ceci, c’est pour faire quoi ? », a expliqué le ministre des Finances.

Le ministre accuse des personnes qui sont « tapis dans l’ombre à N’Djamena ». Il explique ce qu’il qualifie de « malheur du Tchad ». D’après lui : « les gens sont en ville, ils envoient leurs parents dans les postes de douanes et ils se partagent l’argent ». Ces personnes exercent des pressions sur lui, ses collègues ministres, ou encore des haut-cadres de l’administration.

« Nous allons tous les balayer. Que ça plaise ou non, nous allons tous les balayer. »

Pour Issa Mahamat Abdelmamout, « quand un ministre ou un général t’appelle et te dit place mon fils dans tel coin, c’est pour aller voler ». Selon lui, « plus ils en ont, plus ils veulent encore prendre et laisser le pays dans le délabrement total. Ils s’en foutent. Mais ils oublient, si on vole trop, on va mettre le pays à genoux ».

S’estimant « fatigué » des pressions, le ministre n’entend toutefois pas se reposer et promet un grand balayage ;« que ça plaise ou non, nous allons tous les balayer », a-t-il insisté, ajoutant que « les gens ne vont pas mourir de faim continuellement ».

« Le chef de l’Etat a compris que dans ce pays là, les gens ont la tête dure. Ceux là même que le chef de l’Etat promeut dans des grands postes ne l’aident pas du tout. Ils ont la tête dure, ils ne l’écoutent pas. Le chef de l’Etat parle, dès qu’ils sortent, ils font la même chose, et il sait très bien que parfois, nous même on ne peut rien contre ces gens là parce qu’ils sont têtus », a expliqué Issa Mahamat Abdelmamout.

Le ministre des Finances et du Budget entend défier ces personnes qui font obstacle au développement du pays. « Nous on dit, eux ils font, je conçois que c’est une manière de nous forcer la main. Je vais faire dans la rigueur la plus totale possible. Je m’en fou de qui que ce soit, sauf Dieu, et le chef de l’Etat qui m’a nommé. Nous allons renvoyer. On ne tient pas compte des considérations, des fils de ceux-ci ou de celui-là, le fils de tel. Non, non, non. Le plus sérieux, le plus honnête, celui qui veut aider le pays, c’est celui-là qui est notre frère, notre ami », a averti le ministre.

« Si la Bible et le Coran n’ont pas pu éduquer ces gens, notre discours ne va pas les éduquer. »

Détaillant sa stratégie, le ministre a promis de sillonner tous le pays. « Personnellement, je vais faire le tour de tous les hôtels des impôts. Nous allons sillonner tout le Tchad, démettre des gens, renvoyer, arrêter des gens, ça sera le lot de tous les jours. »

Evoquant un manque d’éducation, Issa Mahamat Abdelmamout a expliqué que « au Tchad, nous avons des musulmans et des chrétiens. Si la Bible et le Coran n’ont pas pu éduquer ces gens, notre discours ne va pas les éduquer. Prêcher ne va pas les éduquer. Ce sont des gens très conscients, qui prient matin, midi, soir. Le dimanche, ils sont dans des églises, le vendredi dans des mosquées. Ca ne sert à rien même de parler, il faut agir. Il faudrait frapper seulement, il faudrait corriger. Il n’y a pas un discours qui fait plus peur que le discours des religieux, du Coran ou de la Bible. Nous sommes dans un pays où la majorités sont des chrétiens ou des musulmans, mais ils n’ont plus peur. Il faudrait seulement les sanctionner, les frapper, les envoyer en prison ».

« Qu’il n’y ait pas deux poids, deux mesures quand il y a une faute. »

Le ministre a estimé qu’il ne doit pas y avoir deux poids, deux mesures en cas de faute. « Nous même de notre côté, il ne faudrait pas qu’on tienne un discours et qu’on fasse le contraire. On dit ce qu’on pense, on sélectionne le meilleur, on les nomme, on les surveille, et qu’il n’y ait pas deux poids, deux mesures quand il y a une faute », selon lui.

« Il ne faudrait pas, parceque c’est le proche de tel, le laisser et taper sur l’autre. Là, les gens ne vont pas nous prendre pour des gens sérieux. Si quelqu’un commet une faute, il faudrait se départir de tout sentiment de tribalisme ou de fraternité. Il faudrait simplement le sanctionner conformément aux textes en vigueur », a souligné Issa Mahamat Abdelmamout.

TchadConvergence avec Alwihdainfo

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