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Tchad: le Président Idriss Déby tente maintenant d’imposer Mahamat Moussa Bezo comme chef de canton de « Sarh urbain »

Très contesté après son installation comme Sultan de Sarh, Mahamat Moussa Bezo a été détrôné ce jeudi 18 octobre par un décret présidentiel et automatiquement nommé Chef de Canton de « Sarh Urbain » par un autre décret.

Un décret lu à la télévision tchadienne annonce la suppression du Sultanat de Sarh, chef-lieu de la région du Moyen-Chari et du département du Barh Kôh. Un autre décret annonce la création d’un canton urbain en lieu et place du sultanat et Moussa Mahamat Bezo est nommé Chef dudit canton par un autre décret lu à la suite des deux précédents.

Le tout nouveau Mahamat Moussa Bezo avec la casquette de Chef de canton de Sarh urbain.

Il sied de rappeler que lors d’une visite effectuée le 4 octobre à Sarh, le dictateur tchadien avait déjà tenté d’installer Mahamat Moussa Bezo comme Sultan et chef suprême de Moyen-Chari. Mais, le chef de canton de Maro, au nom des 32 autres chefs traditionnels et coutumiers a répondu qu’ils soutiennent la politique de la IVème république, et aussi la politique de Hinda Déby Itno, mais n’accepteront pas l’instauration du sultanat de Sarh. « Nous ne voulons plus du Sultanat à Sarh », a-t-il dit.

Il faut aussi rappeler que les jeunes de la ville de Sarh ont organisé, le jeudi 27 septembre 2018, une journée ville morte très suivie par les populations locales en protestation contre la décision du ministre de l’Administration du territoire, de la Sécurité publique et de la Gouvernance locale, d’inviter le Sultan Mahamat Moussa Bezo à la conférence des chefs traditionnels du Tchad qui s’est tenue à N’Djaména.

La Convention pour la démocratie et le fédéralisme (CDF) a « félicité la population du Moyen-Chari pour la réussite de l’opération ville morte du 27 septembre 2018 », selon un communiqué parvenu à Alwihdainfo, signé du secrétaire national à l’administration, Noubatessem Jonathan Boguyanan. Il appelle à rester mobilisé jusqu’à l’annulation effective des décrets 425 et 426 de juin 2016, objets de la contestation.

Nous vous invitons à lire à ce sujet notre article: Visite du Président Idriss Déby à Sarh: « pas de sultan dans le Moyen-Chari, nos Ngar et Mbang nous suffisent ! »

Désormais, Idriss Déby tente de l’imposer comme une autorité traditionnelle incontournable de Sarh. Ainsi, les autres chefs traditionnels sont simplement des chefs dans les zones rurales.

En faisant de M. Bézo le chef de canton de  »Sarh urbain », c’est un pied de nez que fait le despote du Palais rose à ceux qui ont osé défier son autorité en l’obligeant à abroger le décret restaurant le Sultanat à Sarh. C’est pour dire aux 32 chefs de canton, « vous, vous gérez des cantons ruraux, mais M. Bézo que vous avez publiquement désavoué gère le canton de Sarh urbain ». Quand vous viendrez à Sarh, chef-lieu de la province du Moyen-Chari, « c’est lui votre chef, respectez-le, point à la ligne ! ». Ainsi, loin d’essuyer l’affront des 32 chefs de cantons qui lui avaient dit non en face lors de son passage à Sarh, le Général-Président-Sultan Idriss Déby leur répond que c’est lui le vrai chef, le grand décideur du Tchad qui tient notre pays d’une main de fer depuis plus de 28 ans.

TchadConvergence avec le journaliste François Djékombé

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