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Arrestations arbitraires, enlèvements, séquestrations, tabassages, torture et traitements inhumains ou dégradants au Tchad: comment briser l’omerta ?

Les vœux d’Idriss Déby n’ont pas convaincu tout le monde. Nombreux sont ceux qui restent sur leur faim et reprochent au Président de se taire sur les cas d’atteintes aux droits de l’homme.

Arrestations arbitraires, séquestrations et intimidations sont devenu le lot quotidien des Tchadiens. Le dernier cas ayant défrayé la chronique remonte au 12 décembre dernier avec l’arrestation d’un présumé voleur par un colonel de la police. Celui-ci, aidé par son entourage, a torturé et séquestré l’homme pendant plus d’une semaine à son domicile, avant de l’abandonner sur un carrefour. Il finira par succomber à ses blessures à l’hôpital.

Torture filmée
Cette séance  de torture a été filmée et publiée par les tortionnaires sur les réseaux sociaux suscitant la colère des Tchadiens sur la toile. Pour Tahirou Hissein Daga, cousin de la victime, c’est la pression des internautes et activistes qui a poussé les autorités judiciaires à arrêter le colonel et deux autres complices :

« La pression de réseaux sociaux a fini par avoir raison de l’omerta des autorités tchadiennes qui ont fini par s’intéresser au dossier et c’est comme ça que le colonel a été appréhendé. Mais nous pensons qu’il faut continuer à maintenir la pression par ce qu’on sait comment les choses se passent au Tchad. Il est fort possible que cette mise scène finisse par aboutir à une relaxe en catimini  du colonel pour qu’il vaque à ses occupations sans pour autant être inquiété, alors qu’un homme est mort pour rien. »

« J’ai très peur »
Pour Maitre Midaye Guerimbaye, avocat au barreau du Tchad et président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH), la situation des droits de l’homme au Tchad est très grave :

« On torture de manière quotidienne au Tchad. Nous avons d’autres dossiers que nous sommes entrain d’initier contre les commissariats de police où des personnes ont alerté la LTDH. Ce sont des personnes qui avaient fait l’objet de tortures et nous avons même adressé des courriers aux hautes autorités. Si l’on ne prend pas de mesures, nous allons arriver à une situation extrême. J’ai très peur. »

Rappel à l’ordre de l’ONU
De son côté, le procureur de la République Youssouf Tom reconnait la situation et tente de rassurer. Selon lui, aucune nouvelle violation des droits humains ne saura être tolérée au Tchad :

« Que tous les citoyens tchadiens sachent que la barbarie appartient au passé. Il ne faut pas qu’on pense que nous pouvons avoir le droit de vie sur les autres, de leur donner la mort comme on veut. Tous les citoyens tchadiens sont égaux devant la loi. Nul n’a le droit d’administrer un traitement humiliant à son prochain. A tous les Tchadiens qui pensent  qu’ils peuvent défier l’autorité de l’État, vous allez subir la rigueur de la loi. L’ignorance de la loi n’est pas une excuse. »

Ces atteintes répétitives aux droits de l’homme au Tchad ont été soumises par des organisations de défense des droits humains au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies lors du dernier Examen Périodique Universel ténu à Genève en Suisse. Cela a valu au gouvernement tchadien des critiques et des rappels à l’ordre.

Écoutez le témoignage de Tahirou Hissein Daga dans son intégralité sur la Deutsche Welle

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