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Au Tchad, beaucoup d’interrogations sur l’effectivité de l’amnistie générale six mois après sa signature par le Président Idriss Déby

(N’Djaména, 22 octobre 2018) – L’amnistie générale signée par le Président Idriss Déby, il y a près de 6 mois, lors de la promulgation de la Constitution de la IVème République suscite beaucoup d’interrogations au Tchad.

Cette loi d’amnistie est normalement en faveur des opposants politico-militaires du régime.

En visite dimanche à la maison d’arrêt d’Am-Sinéné à N’Djamena, Dinamou Daram, président du Parti Socialiste sans Frontières (PSF), a estimé que l’amnistie n’est pas effective.

Il a cité les cas de Baba Laddé, un ancien chef rebelle et Moussa Tao, accusé de conspiration contre le régime, qui restent en prison malgré son état de santé.

Livré au régime tchadien le 2 janvier 2015 par la Centrafrique où il s’est réfugié après avoir échappé à une tentative d’arrestation des forces tchadiennes, Abdelkader Baba Laddé a été interné à N’Djamena, la capitale, puis transféré au bagne de Koro Toro, en plein désert tchadien. Il a été détenu trois ans au Bagne de Koror-Toro sans aucun jugement avant d’être transféré à la sinistre prison d’Am-Sinéné compte tenu de son état de santé devenu très préoccupant. Dans une lettre adressée au garde des Sceaux, le représentant de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), Dobian Assingar, s’inquiète de l’état de santé du prisonnier politique et s’interroge sur les raisons de son maintien en détention alors qu’une ordonnance du chef de l’État a amnistié tous les rebelles à l’occasion de la proclamation de la IVe République au mois de mai 2018.

D’autres prisonniers politiques tels que  Moussa Tao Mahamat, Mokhtar Nantcho, le Général Amine Adam continuent à croupir depuis plus de cinq ans sans aucun jugement dans les prisons du régime tchadien. L’ancien Secrétaire d’État aux Affaires étrangères Ismaël Idriss Ismaël, arrêté à Bangui et livré au régime tchadien en 2013, a été libéré 3 ans après sans aucun jugement. Et tant d’autres moins connus croupissent dans les bagnes et les prisons secrètes de la dictature tchadienne. Nous vous invitons à lire à ce sujet notre article:
Koro-Toro: un terrible bagne en plein désert tchadien réservé pour la punition des voix discordantes.

Bagne de Koro-Toro

Pour le Ministre de la justice garde des Sceaux, Djimet Arabi, l’ex-chef rebelle Baba Laddé est poursuivi pour des faits qui ne sont pas concernés par l’ordonnance portant amnistie générale.

Pourtant, le texte de l’amnistie prend en compte tous les faits commis entre 1991 et mai 2018.

Et pourtant, le même ministre de la Justice avait précisé lors de la promulgation de l’amnistie que cette loi sera prise assez rapidement et va concerner un large éventail de crimes : « Quand on parle de l’amnistie, c’est une loi qui efface toutes les infractions qui ont été commises, et ça le fait d’une façon rétroactive. Même ceux qui ont détourné de l’argent, ceux qui ont tué, ceux qui ont pillé. Une fois qu’il y a cette loi d’amnistie, elle efface toutes les infractions et ils peuvent tranquillement rentrer chez eux. »

Plus grave encore, les journalistes Amine Allamine de la radio Dja FM, Blaise Dariustone, correspondant de la Deutsche Welle, Vincent Niebede, correspondant de la BBC et Jean Dinamo de la radio Oxygène, qui accompagnaient le président du Parti Socialiste sans Frontière ont été retenus contre leur gré quelques temps à la maison d’arrêt d’Am-Sinéné par le responsable des gardiens avant d’être libérés. Par un communiqué, la Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme (CTDDH) a condamné « cette pratique d’un autre âge qui démontre que notre pays est loin de ce qu’on peut appeler un Etat de droit ».

En 2011, le président Déby avait amnistié tous les prisonniers de guerre appartenant aux différents groupes politico-militaires et gracié des chefs rebelles.

Ils avaient été condamnés à mort par la cour d’appel de N’Djamena pour  »s’être rendus coupables d’atteinte à l’ordre constitutionnel, à l’intégrité du territoire et à la sécurité de l’État ».

Tchadconvergence avec BBC

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