Le Maréchal du Tchad Idriss Déby a reçu en audience le jeune leader du mouvement « Les Transformateurs », ce mardi, au Palais rose. Une rencontre qui a surpris tout le monde et qui suscite beaucoup de réactions.
Pour le président Idriss Déby qui a été le premier à annoncer la rencontre, leurs échanges ont porté sur quelques sujets en lien avec la vie nationale. « L’intérêt supérieur de notre nation doit transcender toute autre considération », a twitté le président Déby.
Habituellement très virulent, Dr Succès Masra était souriant aux côtés du dictateur tchadien, qui briguera un sixième mandat le 11 avril prochain. De plus, cette rencontre survient un mois après des manifestations de cette figure montante de l’opposition. Des manifestations pour « rendre le pays ingouvernable jusqu’à l’obtention d’un processus inclusif » interdites par le régime tchadien et réclamant « une alternance au pouvoir ». Des manifestations qui ont été violemment réprimées par les forces de l’ordre.
Succès Masra s’était alors réfugié six jours durant sur le parvis de l’ambassade des Etats-Unis à N’Djamena pour échapper aux policiers.
À RFI, Succès Masra a raconté une discussion « à cœur ouvert » pour faire valoir ses revendications. «Dialoguer avec tous les acteurs et créer les conditions des élections qui seront apaisées parce qu’elles seront justes, inclusives et créeront les conditions d’un passage de témoins. Et il n’est pas exclut qu’on diffère les élections et qu’on puisse même avoir des élections couplées, législatives et présidentielles avec de nouvelles conditions».
Dans le camp présidentiel, Jean-Bernard Padaré, le directeur de campagne du candidat Idriss Déby a réagi sur RFI en balayant d’un revers de main l’annonce faite par Succès Masra selon laquelle l’élection présidentielle sera repoussée au et précédée d’un dialogue inclusif. : «Il est tout à fait plausible que, si les gens demandent un dialogue, le président réponde favorablement. Maintenant, s’agissant du report des élections présidentielles, on ne peut déroger à ce qui est prescrit dans la Constitution. Donc la loi est la loi, l’élection présidentielle est fixée au 11 avril, elle se tiendra le 11 avril», a déclaré Jean-Bernard Padaré, Porte-Parole du MPS.
Un coup de théâtre est donc peu probable à un moins d’un mois du scrutin. Mais cette rencontre permet à Idriss Déby de jouer l’ouverture et l’apaisement afin de desserrer l’étau social et politique avant la présidentielle. Succès Masra sort lui conforté dans son rôle d’opposant même s’il doit désormais aussi rassurer après cet entretien qui a déconcerté beaucoup de ses partisans.