(N’Djaména, 20 avril 2018) – Alors que le Tchad s’achemine vers une IVe République qui verra les pouvoirs du dictateur Idriss Déby se renforcer, l’Église catholique vient de jeter un pavé dans la mare. Au lieu de la voie parlementaire, les Évêques de la Conférence épiscopale du Tchad appellent à une adoption, par référendum, de la nouvelle Constitution.
« Le pays traverse une crise sociale. C’est dans ce contexte difficile qu’un projet de réforme des institutions est mis en œuvre. Et de ce fait, nous constatons que ce projet ne reçoit pas l’adhésion de l’ensemble des citoyens. C’est pourquoi, nous invitons le gouvernement à le soumettre à un référendum. Nous exprimons notre inquiétude sur la manière dont le processus d’institution de la IVe République au Tchad se déroule. Ce processus, comme beaucoup le craignent, risque de fausser gravement les règles du jeu démocratique car il porte en germe une grave division des cœurs entre les citoyens. En plus de la divergence dans la classe politique, nous notons qu’une grande partie de la population tchadienne ignore complètement ce qui se passe. Un changement fondamental de cette nature devrait se faire dans le respect de la constitution qui dit dans son Article 224, la révision de la constitution est approuvée par référendum », a déclaré Yves Allangomi, Secrétaire général de la Conférence épiscopale du Tchad.
Alors, que va-t-il se passer maintenant ?
Le despote tchadien va-t-il écouter le sermon des Évêques en battant en retraite ? Ou bien va-t-il opérer un passage en force pour mettre en place son projet de nouvelle Constitution qui prévoit l’avènement d’un régime présidentiel, le poste de Premier ministre ayant été supprimé ? On attend de voir. Toujours est-il que le clergé n’est pas le seul à soutenir la révision de la loi fondamentale tchadienne par voie référendaire, étant donné que le mandat même des députés est achevé depuis juin 2015. En effet, sept associations de la société civile, dans une correspondance adressée aux députés godillots du MPS, le 17 avril, leur demandaient de ne pas voter la nouvelle Constitution. « Nous avons demandé aux députés de s’abstenir et de ne pas voter le projet de constitution, parce qu’ils sont illégitimes. Leur mandat a pris fin en 2015. ( …) La Constitution encore en vigueur dit qu’une telle révision passe par un référendum », a déclaré Mahamat Nour Ibedou, leader de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH).
TchadConvergence avec lepays.bf