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Au Tchad, toujours beaucoup d’interrogations sur l’effectivité de l’amnistie générale sept mois après sa signature par le Président Idriss Déby

Le premier vice-président du Front populaire pour le redressement (FPR), Ardo Baouro, a affirmé ce jeudi 22 novembre 2018 avoir rencontré Baba Laddé en prison. Dans une mise au point parvenue à AlwihdaInfo, Ardo Baouro affirme que « la santé du Général Baba Laddé est très mauvaise et que le gouvernement lui refuse des soins malgré l’ordonnance d’amnistie signée par le Président Idriss Déby. A tout moment il peut décéder par manque de soins ». Cette loi d’amnistie est normalement en faveur des opposants politico-militaires du régime.

Baba Laddé est « injustement enfermé », souligne-t-il. Il ajoute que « les ex-combattants du FPR n’ont pas non plus pu suivre les programmes de réhabilitation prévus par l’accord de paix et sont persécutés au Tchad ». D’après lui, « la communauté internationale doit faire pression sur le gouvernement tchadien pour qu’il respecte ses engagements. »

Il déclare que : « Baba Laddé a apporté son soutien à nos frères du Tibesti (…) Nos frères de Miski ne se battent pas pour prendre le pouvoir, mais pour la démocratisation du pays, la justice et l’égalité entre tous les Tchadiens. Il est intolérable que le peuple souffre quand certains pillent les richesses du pays. Les dirigeants tchadiens mettent en danger le régime en refusant les revendications légitimes du peuple et en déclenchant une guerre au Tibesti. »

Le FPR demande à ce que l’ordonnance d’amnistie soit appliquée à tous les tchadiens concernés sans distinction.

Le caractère inoffensif comme critère?
« L’amnistie est un pardon légal qu’on accorde suivant un certain nombre de critères qui pourraient êtres définis. Pourquoi on accorde l’amnistie à certains et pourquoi on la refuse à d’autres ? Je pense à Acheikh Ibn Oumar qui est rentré  et je pense aussi à Baba Laddé qui est en prison. Tous les deux, théoriquement, devraient bénéficier de cette amnistie mais ce qu’il faut retenir en tant que défenseur des droits de l’Homme, au Tchad la loi n’est pas valable pour tout le monde. Les Tchadiens ne sont pas égaux devant la loi. Donc moi je ne suis pas étonné que Monsieur Acheikh puisse bénéficier de l’amnistie accordée à tous les opposants politiques et que d’autres qui ne sont pas de la bonne conviction politique ou mieux encore, qui sont jugés offensifs puissent ne pas bénéficier de cette amnistie », explique Maitre Midaye Guerimbaye, président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH).

« Ici, le droit, c’est la parole de Déby »
Une position que partage aussi, le Député Saleh Kebzabo. Pour lui, le Tchad est tout sauf un pays de droit. « Lorsque cette loi a été promulguée, le ministre de la justice a dit que c’est une loi qui efface toutes les infractions qui ont été commises et de façon rétroactive. Même ceux qui ont détourné de l’argent, ceux qui ont tué. Donc, le ministre de la justice a fait même une lecture extensive de cette loi. Le Tchad n’est pas un pays de droit a proprement parlé. Ici, le droit c’est la parole de Déby. S’il dit de faire quelque chose contre la loi on le fait, s’il n’a ordonné la libération de tous ces gens là on ne va pas les libérer, même si sa propre loi qu’il a signée les étend. L’être humain n’a aucune importance dans notre pays. Qu’on meurt en prison, c’est pas le souci du pouvoir »,  déclare M. Kebzabo.

Le retour d’Acheikh Ibn Oumar vise à démontrer l’existence d’une ouverture politique au Tchad. Mais, pour Jean Bosco Manga, représentant de la société civile, le seul cas d’Acheikh Ibn Omar ne suffit pas à démontrer la réussite d’une politique de la main tendue. « Lui seul ne représente pas une réconciliation nationale », s’insurge Jean Bosco Manga.

Une liste d’opposants à libérer
Soucieux du sort de nombreux détenus politiques qui croupissent encore dans les prisons du Tchad, un groupe de militants  de la société civile a mis sur pied une collectif dénommé : Actions Citoyennes pour l’Application Intégrale de l’Amnistie au Tchad (ACAIAT). Une liste provisoire de 172  opposants, détenus pour « atteinte à l’intégrité de l’État », éligible à cette amnistie à été publiée a cet effet par ce collectif. Pour certains, sans jugement depuis 4,5, 6 voire 7 ans. Bien que les détentions préventives au-delà de 24 mois sont déclarées abusives et la liberté d’office est accordée selon l’article 325 du Nouveau code tchadien de procédure pénale. Certaines détenus totalisent 60 à 67 mois, sans jugement, parfois sans dossier judiciaire cohérent.

L’égalité de tous devant la loi interdisant tous privilèges et toutes discriminations, ce principe constitutionnel prévu à l’article 13 de la constitution de la 4ème République doit être compris de trois manières: égalité devant la loi; égalité dans la loi; et égalité par la loi. « Les arrestations et les détentions illégales et arbitraires sont interdites », selon l’article 22 de la Constitution du 4 mai 2018.

Le général Baba Laddé doit être présenté au tribunal le 3 décembre 2018.

TchadConvergence avec Alwihdainfo

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