Au trente-deuxième jour de l’attaque que mène l’armée tchadienne contre les habitants du village de Miski dans l’extrême-nord du Tchad, pas de combats au sol mais des bombardements aériens des refuges des civils dans les grottes et des véhicules civiles sur les routes. La situation reste très tendue dans tout le Tibesti, où des appels à la mobilisation ont été lancés, et pourrait basculer d’une minute à l’autre.
« Le Comité d’auto-défense informe l’opinion nationale et internationale que depuis ce matin du samedi 24/11/2018, l’aviation de Déby bombardent la ville de Miski. Nous précisons que les populations sont doublement piégées du fait des bombardements et du minage de toutes les voies d’accès », tel est, en substance, le communiqué posté sur Twitter par le comité d’auto-défense de Miski.
« A Miski, plus 2500 civils sont assiégés depuis plus de 3 mois et manquent de tous pour s’alimenter, se soigner, se couvrir du froid la nuit dans les grottes car fuyant le bombardement aveugle de l’aviation de Déby. Les organisations humanitaires internationales interpellées », poursuit le communiqué sur Twitter.
Le Comité d’auto-défense informe l’opinion nationale et internationale que depuis ce matin du samedi 24/11/2018, l’aviation de Deby bombardent la ville de Miski. Nous précisons que les populations sont doublement piégées du fait des bombardements et du minage des toutes les voies pic.twitter.com/Okll5QOejy
— Comité d’auto-Défense de Miski (@MiskiTchad) 24 novembre 2018
Depuis quelques jours, les soldats du régime de N’Djaména se sont regroupés au ouadi Dowor, à une cinquantaine de kilomètres de Miski et contrôlent les grandes axes routiers menant au village. Après la cuisante défaite de ses troupes au sol, l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis 29 ans a adopté la stratégie du siège et de la famine dénoncée par les ressortissants du Borkou-Ennedi-Tibesti (B.E.T). « En imposant des sièges à des zones d’habitations des civils (femmes, enfants, personnes âgées, …) afin d’affaiblir la capacité de résistance des hommes du comité d’auto-défense de Miski, en se servant de la faim comme d’une arme de guerre et bloquant ou restreignant arbitrairement l’accès aux produits de première nécessité, en contraignant à vivre dans des conditions très dures ou en forçant à des déplacements massifs, en empêchant également les organisations humanitaires d’entrer dans les zones assiégées, le gouvernement tchadien adopte une stratégie qui s’apparente à des crimes contre l’humanité », selon un communiqué publié par un comité des cadres du B.E.T.
Selon des sources concordantes à Faya-Largeau, toutes les forces de la Direction Générale de Service de Sécurité des Institutions de l’État (DGSSIE), la garde du despote tchadien, se sont repliées et concentrées dans la capitale du Borkou. Mais selon le site Tchadactuel, ce vendredi 23 novembre, le Com OPS, Mahamat Idriss Déby alias Mahamat Kaka a évacué le Tibesti et est rentré à N’Djamena avec ses 50 véhicules.
Dans un autre message posté sur Twitter, le comité d’auto-défense de Miski « appelle les partis politiques, les organisations de la société civile, les chefs traditionnels et religieux, les représentations diplomatiques au Tchad, les organisations internationales et la diaspora à dénoncer l’embargo criminel sur Miski par Déby ».
La classe politique est sortie de son silence sur la guerre de l’or dans le nord du Tchad. Plusieurs leaders des partis politiques ont dénoncé et appelé à l’arrêt immédiat de la « guerre contre la population de Miski ». Pour Max Kemkoye de l’Union des Démocrates pour le Développement et le Progrès (UDP), «la revendication de Miski est légitime et le pouvoir doit entendre». Le chef de file de l’opposition tchadienne, le Député Saleh Kebzabo a déclaré à RFI que « le Président Déby, en faisant de la guerre au nord une affaire vraiment personnelle, est en train d’aggraver la situation. Il est dans une erreur grave. C’est même une faute politique qu’il est en train de commettre, en excluant pratiquement tout le pays de ce qu’il est en train de faire. On n’a même pas droit à l’information. Tout le monde se demande ce qu’il se passe ».
TchadConvergence avec Tchadactuel