Accompagnés de six sénateurs, le président du sénat français, M. Gérard Larcher, en séjour au Tchad, s’est déplacé, dans la matinée de ce lundi 26 février 2018, au monument dédié au gouverneur Félix Eboué et au Maréchal Leclerc De Hauteclocque et sur la tombe du commandant Lamy avant de rencontrer les anciens combattants tchadiens à la Maison du combattant à N’Djaména.
Habillés en tenue kaki, les anciens combattants tchadiens, visiblement, très fatigués, ont honoré de leur présence à la rencontre avec le président du Sénat français. Dans un émouvant discours tenu à la Maison du combattant, Gérard larcher est revenu longuement sur la fraternité et l’union qui lient le Tchad et la France, rappelant le destin et le sacrifice communs des soldats de France et du Tchad pour défendre la liberté depuis les années 40 et qui s’est poursuivi jusqu’à présent avec l’opération Serval. « Nous savons qu’une partie de la légitimité de notre pays au travers de l’appel historique du général De Gaulle s’est fondu ici au Tchad au travers des Tchadiens eux-mêmes et d’un gouverneur qui était un petit fils d’esclave. Il est des lieux où l’histoire vous appelle ou l’histoire vous oblige », précise-t-il. « Comment ne pas penser à cette fraternité d’arme entre les militaires français de Serval et les forces tchadiennes dans l’Adrar des Ifoghas. Ces armées mènent un combat d’exception, de courage qui nous rappelle les plus grandes heures. La lutte pour préserver l’Afrique du terrorisme a le mérite paradoxal d’écrire une nouvelle base glorieuse de fraternité entre les combattants français et les combattants tchadiens », a poursuivi le président du Sénat français.
Mais, officiellement, le président du Sénat français a gardé un silence assourdissant sur les graves violations des droits de l’homme au Tchad et les restrictions limitant la liberté d’expression, de réunion et de marche pacifique. Pourtant, dans le communiqué de presse du Sénat, il avait été annoncé que « cette visite s’inscrit dans le cadre des déplacements internationaux du président du Sénat, pour une diplomatie parlementaire active et complémentaire de celle de l’exécutif ». Alors, dans ce cas, comment passer sous silence les vives inquiétudes exprimées par l’exécutif français lors d’un point de presse tenu au Quai d’Orsay, le 14 février 2018, suite à la violente répression des élèves et des étudiants, qui répondaient à un appel lancé par l’Union Nationale des Étudiants Tchadiens (UNET), de faire du bruit pour réclamer l’ouverture des établissements scolaires et universitaires fermés à cause de la grève générale des fonctionnaires ? Le Porte parole du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères a déclaré au cours de ce point de presse que « La France réitère son attachement, partout dans le monde, au respect des libertés fondamentales, dont la liberté d’expression et de manifestation pacifique, composante essentielle de la démocratie et elle « encourage le gouvernement du Tchad à garantir le plein respect des droits de l’homme, conformément aux engagements internationaux qu’il a pris ».
Le président du Sénat français est-il au courant qu’au Tchad, les écoles, universités et les hôpitaux sont fermés depuis plus d’un mois ? Le second personnage de l’État français est-il au courant que la situation politique et sociale est dans l’impasse au Tchad et que les deux parties (Syndicats et gouvernement) campent sur leurs positions malgré la tension très vive dans toutes les grandes villes du pays ? Outre les démarches entreprises par les partis politiques et quelques associations de la société civile, les dignitaires religieux ont fait part de leur inquiétude quant à la persistance de la grève qui touche tous les secteurs de la vie nationale. Ils ont exhorté les deux parties à renouer le fil de dialogue afin de trouver une solution efficace et efficiente à cette grève qui ne fait perdurer. Il faut dire que toutes les activités socio-économiques du pays tournent au ralenti et même le service minimum instauré au niveau des établissements sanitaire du pays a été suspendu. Mandaté par le Secrétaire général des Nations unies, le Chef de bureau pour l’Afrique centrale, M.Francois Lonseny Fall, a rencontré, durant une visite de trois jours, le 14, 15 et 16 janvier 2018, toute la classe politique tchadienne. Mais cette médiation semble être dans l’impasse. Les membres de la délégation de la Chambre haute du parlement français sont-ils au courant que les députés sont illégitimes au Tchad depuis 2015 et les conseillers municipaux depuis le 5 février 2018, et que le processus politique est bloqué au Tchad depuis plusieurs années par le simple vouloir du dictateur Idriss Déby ?
Pour Gérard Larcher, la Maison du combattant est par nature dans la langue française un toit qui accueille, un lieu où brûle la flamme qui porte l’espérance, un toit de convergence qui attire la lumière, la flamme, la lumière et le toit protecteur de la fraternité qui au fil du temps s’est noué entre les soldats de nos pays. « C’est de Londres mais aussi du Tchad qu’est venu l’espoir. Les glorieuses troupes du Tchad et leurs chefs sont sur la route de la victoire. Et nous avons dit, à la manière de Clemenceau, sénateur appelé au sauvetage du pays en 1917, ils ont des droits sur nous et la génération d’aujourd’hui, nous vous disons, vous avez le droit sur nous », a-t-il ajouté.
Pour le représentant du ministre tchadien chargé de la Défense nationale, des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, le général Mianro Samson, le Tchad et la France sont liés par l’histoire mais aussi par la géographie. « L’armée tchadienne est née en 1962 à partir du 1er régiment de soldats qui ont œuvré dans l’armée française et nous voulons collaborer, continuer à œuvrer dans cette fraternité pour lutter contre le mal de l’heure pour la paix », a-t-il déclaré.
Le représentant des anciens combattants tchadiens, Karim Nadji demande au président du Sénat français de plaider leur sort auprès du gouvernement français pour l’amélioration des conditions de vie des anciens combattants par le paiement à temps de leurs pensions pour les anciens combattants, veuves et orphelins. « Votre visite nous tient à cœur et nous nous réjouissons pour cela. Mais la situation actuelle des anciens combattants est très critique et nous comptons sur vous pour l’amélioration de cette situation. Un grand nombre de nos camarades sont morts depuis 10 ans et leurs dossiers trainent toujours », a déclaré l’ancien combattant Karim Nadji.
TchadConvergence avec zamaninfos.com et lepaystchad.com