Après avoir présenté ses condoléances suite au décès de l’ancien maire de N’Djaména, Adoudou Artine, ce jeudi matin, le Président Idriss Déby, accompagné de la Première dame, s’est envolé pour Am-Djarass, son fief dans le nord-est du Tchad.
Le Président Idriss Déby et la Première dame Hinda Déby Itno sont arrivés, ce jeudi vers 16 heures à Am-Djarass, pour un séjour privé de quelques jours, nous informe le Palais rose.
A sa descente d’avion, le despote tchadien a serré les mains des autorités locales à leur tête le gouverneur de l’Ennedi-est Teguen Idibé Bardé. Se tenaient à ses cotés le responsable de la zone de défense et le Maire de la ville Aboud Hachim Bider. Sont également venus souhaiter la bienvenue au couple présidentiel, les responsables régionaux du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) ainsi que les représentants des organisations humanitaires.
Mais pourquoi Idriss Déby a préféré aller attendre « son ami » Jean-Yves Le Drian à Am-Djarass ?
Pourquoi le dictateur tchadien n’a pas attendu à N’Djaména, l’arrivée ce jeudi après-midi du ministre français de l’Europe et des Affaires Étrangères à l’occasion d’une tournée africaine ? Pourquoi engager encore d’autres dépenses sur les maigres ressources de notre pays pour acheminer la délégation française jusqu’à Am-Djarass à 900 kms au nord-est de N’Djaména, où même l’eau est une denrée rare, dans un pays où les fonctionnaires ne reçoivent qu’un demi-salaire depuis le début de cette année ? Que veut raconter l’homme qui tient le Tchad d’une main de fer depuis plus de 28 ans au chef de la diplomatie française à l’abri des oreilles indiscrètes du Palais rose ? Ce sont autant de questions auxquelles nous ne trouverons certainement aucune réponse officielle. D’autant plus que, ce n’est pas la première fois, que Jean-Yves Le Drian va dans la désert tchadien derrière Idriss Déby. En 2015, Jean-Yves Le Drian, à l’époque ministre de la Défense, a été reçu avec tous les honneurs par Idriss Déby dans son sultanat d’Am-Djarass, après avoir réveillonné avec les troupes françaises à N’Djamena.
C’est pour lui montrer l’état d’avancement de l’extension de son sultanat avec pour future capitale Am-Djarass, un puits pour les bergers, il y a quelques années, modernisé avec l’argent du trésor public ?
Le Sultan veut-il montrer à ses sujets qui sont devenus un peu récalcitrants, ces derniers temps, qu’il est toujours tellement important que même les dirigeants français viennent dernière lui dans son fief ?
Peut-être, c’est une partie de chasse dans l’Ennedi que veut proposer le sultan du Dar-Bilia à « son ami » français. Mais, les seuls chasseurs, que connait le Breton, sont les avions de combat Rafales qu’il vend régulièrement aux pays partenaires de la France.
A N’Djaména, le chef de la diplomatie française a été accueilli par son homologue tchadien Mahamat Zene Chérif. Les échanges entre les deux ministres ont essentiellement porté sur la réunion de Paris sur la Libye, la situation sécuritaire de la République Centrafricaine et la lutte contre le terrorisme islamiste au Sahel et dans le bassin du bassin.
Lors d’une conférence de presse à N’Djamena avec Mahamat Zene Chérif, Jean-Yves Le Drian a évoqué les grandes crises qui secouent l’Afrique.
Sur la Libye, le Tchad soutient les efforts de la France en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.
« Le Tchad appuie les efforts visant à organiser des élections en Libye en vue effectivement de mettre en place une autorité légitime. Le Tchad est intéressé plus que tout autre parce que dans le sud-libyen, il y a une zone de non droit, il y a des mercenaires, des bandes armées et cela constitue une menace sérieuse pour l’ensemble des pays voisins, notamment le Tchad », a déclaré Mahamat Zene Chérif, chef de la diplomatie tchadienne.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères de la France a indiqué que la réunion de Paris sur la Libye, initiée par le Président Macron, a été une étape très importante dans la mesure où cela a permis de réunir quatre acteurs principaux et la communauté internationale comme témoin. Selon lui, des engagements en plusieurs étapes ont été pris par les uns et les autres, à savoir la définition des lois électorales qui seront mise en œuvre en septembre et la tenue des élections. Sur Boko Haram, le chef de la diplomatie française salue les efforts de la force multinationale, mais Jean-Yves Le Drian n’a pas apprécié, en revanche, l’évolution de la situation en RCA, surtout avec l’arrivée d’une mission militaire russe. « J’ai évoqué cette question avec le ministre Lavrov lorsque je l’ai vu après Saint-Pétersbourg. Nous sommes tout à fait déterminés à ce que les engagements constitutionnels, électoraux et militaires qui ont présidé à l’arrivée du président Touadéra puissent être respectés sans l’ingérence d’acteurs étrangers », a déclaré Jean-Yves Le Drian, propos rapportés par le journal n’djaménois Alwihdainfos.
Ce vendredi, après l’entretien avec le Président Déby, Jean-Yves Le Drian continuera sur Addis Abeba pour d’autres discussions de haut niveau avec la commission de l’Union africaine.
TchadConvergence