Ce jeudi matin marque le début de la campagne électorale pour la présidentielle du 11 avril prochain au Tchad, une campagne qui va durer 30 jours. Sur le papier, neuf candidats sont en lice, dont l’actuel dictateur Idriss Déby, mais trois d’entre eux le sont « malgré eux ».
A bientôt 69 ans dont 30 passés au pouvoir, Idriss Déby va briguer dans un mois jour pour jour un 6e mandat d’affilé. En face de lui, neuf concurrents si l’on s’en tient à la liste rendue publique par la Cour suprême. Mais trois parmi eux se disent candidats malgré eux.
Il s’agit de Saleh Kebzabo, arrivé 2e lors de la dernière présidentielle, de l’opposant de toujours Ngarlejy Yorongar et de Théophile Bongoro, candidat de la coalition « Alliance Victoire » qui regroupe 13 partis d’opposition.
Tous les trois se sont retirés du processus électoral après l’assaut des forces de l’ordre contre le domicile de l’opposant Yaya Dillo Djerou. Mais rien à faire, leurs photos figurent déjà sur les bulletins de vote. Pour Saleh Kebzabo, le pouvoir a décidé de garder ces « poids lourds » de l’opposition dans le processus pour « donner de la crédibilité à une élection sans aucun enjeu ». « Il n’y aura pas d’élections le 11 avril. Déby ne sera pas candidat et l’année 2021 sera celle de l’alternance au Tchad. C’est ma ferme conviction. Mais cet aboutissement dépendra surtout de vous, peuple tchadien. Restons mobilisés pour le changement », a-t-il déclaré.
Reste 6 candidats qui eux veulent aller au charbon : le chef de file officiel de l’opposition Felix Nialbé Roumandoumngar, souvent accusé d’être proche de la mouvance présidentielle, le leader du Mouvement des patriotes tchadiens, Brice Mbaimong Guedmabaye et l’ancien Premier ministre, Albert Pahimi Padacket qui avait soutenu Idriss Deby il y a 5 ans. Deux nouveaux venus, sont dans la course : Balthazar Aladoum Djarma ou encore Théophile Yombombe Madjitoloum.
Enfin il y a l’ex-ministre Lydie Beassemda, déjà rentrée dans l’histoire pour être la première femme à briguer la magistrature suprême au Tchad.
Des personnalités tous originaires du sud du pays. Pour le chercheur Jérôme Tubiana, l’absence de candidats venant du nord témoigne d’une volonté d’éviter d’éroder l’électorat favorable au président Idriss Déby. Selon le chercheur spécialiste du Tchad, « c’est sans doute un calcul du pouvoir que d’avoir plutôt cherché à avoir face à lui des opposants du sud et d’avoir beaucoup découragé les opposants du nord. (…) Le vote est assez fortement géographique voire ethnique au Tchad et donc en général, le président Déby a eu davantage de voix au nord. S’il y avait des candidats du nord, très certainement sa base au nord serait érodée ».
Image: journal Le Visionnaire
TchadConvergence avec RFI