Le militant politique Tadjeddine Mahamat Babouri, emprisonné depuis 16 mois pour avoir critiqué le régime sur les réseaux sociaux au Tchad, a été libéré aujourd’hui à la demande d’un juge, a appris l’AFP de source judiciaire.
« Le juge a ordonné la libération d’office de Babouri en vertu du code de procédure en vigueur », a indiqué cette source. La durée maximale de détention provisoire selon le code de procédure est de six mois pour un délit et d’un an pour un crime.
Il a été arrêté suite à une vidéo qu’il a réalisée et diffusée sur les réseaux sociaux critiquant la gouvernance au Tchad.
Il était inculpé au départ pour complot contre l’État et trouble à l’ordre public, avant que le juge ne requalifie les faits en diffamation.
« Le fond du dossier sera discuté dans deux semaines », a indiqué à l’AFP l’avocat de M. Babouri, Me Olivier Gouara, se disant « très satisfait » de cette libération. Selon lui, son client a « beaucoup souffert ». « Ce matin à la barre, il ne pouvait pas se tenir debout et ils ont dû le faire asseoir. Avant cette audience, il a été hospitalisé pendant 10 jours ».
Tadjeddine Mahamat Babouri est détenu depuis mi-septembre 2016 à la suite de propos critiques envers le régime d’Idriss Déby sur Facebook. Selon Amnesty international, Tadjeddine Mahamat Babouri – de l’ethnie zaghawa comme le président Déby – avait été « enlevé dans la rue, en pleine journée, par une poignée d’hommes appartenant, semble-t-il, aux services du renseignement ».
Selon l’ONG, Babouri a « raconté avoir été frappé, soumis à des décharges électriques, privé d’eau, de nourriture et transféré d’une prison à l’autre ». Mahamat Babouri est poursuivi pour « diffamation », selon son avocat, qui explique qu’il avait initialement été arrêté pour « atteinte à l’ordre constitutionnel, à l’intégrité territoriale et pour intelligence avec un mouvement insurrectionnel », mais que les infractions ont ensuite été requalifiées.
TchadConvergence avec AFP