Au Soudan, les manifestants maintiennent la pression. Rassemblés depuis trois jours devant le QG de l’armée, ils demandent aux militaires des négociations directes en vue de la formation d’un gouvernement de transition, pour remplacer le dictateur Omar el-Béchir. La position récente de l’armée semble les encourager.
Des milliers de manifestants campés dans le centre de Khartoum semblent avoir défié une nouvelle tentative de leur élimination par des milices armées fidèles au despote soudanais Omar el-Béchir.
Des groupes de la société civile dirigés par des médecins ont fait état de deux morts et de nombreux blessés, certains gravement, lors de nouvelles violences dans la capitale mardi matin. D’autres groupes ont fait cinq morts, dont au moins un soldat, et plus d’une centaine de blessés.
Les forces de sécurité ont tenté à plusieurs reprises de disperser la manifestation, mais des soldats de l’armée se sont à plusieurs reprises levés pour protéger les manifestants , tirant souvent des coups de feu en l’air et déployant des soldats dans les rues entourant les manifestants.
Un témoin a déclaré qu’un officier avait ouvert les portes du quartier général de la marine, permettant aux manifestants de s’abriter contre un homme armé non identifié qui tirait sur des manifestants depuis un bâtiment voisin en construction. Des images sur les médias sociaux montraient des centaines de manifestants, principalement des jeunes, dans le quartier général de la marine à l’aube.
Dans un communiqué lu devant plus de 40 000 personnes rassemblées, depuis samedi, sur une place devant le quartier général de l’armée, au centre de Khartoum, une délégation de l’opposition a réitéré son appel au départ du président el-Béchir et de son régime. Fait nouveau lundi : le communiqué demande la création d’un Haut-Conseil incluant des représentants de l’armée et des manifestants afin de discuter les formalités de départ du chef de l’État ainsi que l’installation d’un gouvernement de transition qui serait chargé de faire l’intérim.
Joint par RFI, le journaliste Chawgui Abdel Azim, présent sur cette place de Khartoum, lundi 8 avril, assure que la situation est très tendue au sein de l’armée et que plusieurs unités se sont rebellées contre les ordres du ministre. Il témoigne de ce rapprochement de certains militaires avec les manifestants.
« Les véhicules de l’armée bloquent actuellement tous les accès vers le lieu du rassemblement. Les manifestants sont maintenant protégés par l’armée. Les forces de sécurité et la milice de soutien rapide ne peuvent plus les frapper ou les disperser. L’armée soudanaise manifeste son soutien aux protestataires en échangeaient, avec eux, les signes de la victoire. Les manifestants portent les officiers sur leurs épaules et font le tour de la place devant le quartier général de l’armée, tout en répétant les appels au départ du régime et du président el-Béchir… Ils ont installé des tentes et des points médicaux sur la place. Le nombre important de manifestants remplit plusieurs avenues menant à cette place, au centre de Khartoum. Comme place Tahrir au Caire, les plus jeunes chantent et dansent en répétant : « Nous ne rentrerons pas jusqu’au départ du chef de l’État » », a-t-il rapporté à RFI.
Ce 04 avril 2019, sur le chemin de retour d’Addis-Abeba, le dictateur tchadien Idriss Déby a fait une escale technique à Khartoum où il a eu un entretien à huis-clos de deux heures avec son compère soudanais. Que se sont-ils dit ? Selon plusieurs sources, la force mixte soudano-tchadienne était au centre des discussions. Mais, pour Oumar el-Béchir, très contesté dans son pays et acculé depuis plus de quatre mois dans son Palais présidentiel, quel est l’intérêt pour lui de s’entretenir sur la force mixte Tchad-Soudan qui devrait en théorie assurer la sécurité de la frontière entre les deux pays ?
La force mixte Tchad-Soudan et la force mixte tripartite Tchad-Soudan-Centrafrique ont été fusionnées en juillet 2018 et restructurées en une seule force dénommée Force Mixte Tchad-Soudan (FMTS), selon un décret de la présidence du Tchad. La nouvelle force mixte Tchad-Soudan comprend 100 agents de la police judiciaire composée de gendarmes et policiers et trois groupements opérationnels implantés dans les villes de Tissi, Farchana et Mourdi-Djona, le long de la frontière avec le Soudan, plus de 1 000 km. Elles sont dirigées par le Général de brigade tchadien Ousman Bahar Mahamat Itno.
TchadConvergence avec RFI et theguardian.com