Sebha, 5 janvier 2017) – Des fortes tensions et la mobilisation de combattants dans le Fezzan, l’émissaire de l’Onu en Libye, Martin Kobler, a appelé mercredi des factions armées rivales à éviter l’escalade.
Selon des médias libyens, des combattants des puissantes milices de Misrata (200 km à l’est de Tripoli) qui ont rallié le GNA, et les forces du maréchal Khalifa Haftar sont sur le qui-vive depuis une attaque lundi contre un avion militaire transportant des officiers et des dignitaires de Misrata se rendant à des obsèques dans le sud du pays.
L’appareil a été touché par des tirs provenant des forces de Haftar alors qu’il se trouvait sur la piste de la base aérienne de Joufra, selon ces médias. Plusieurs militaires ont été blessés et un civil tué dans l’attaque condamnée par le GNA.
Après l’attaque, les milices de Misrata ont dépêché des renforts dans la région de Joufra et celle proche de Sebha, à plus de 600 km au sud de Tripoli, avec l’objectif selon elles de « sécuriser la zone », ont précisé des chaînes de télévision. Les forces de Haftar disent vouloir combattre les « terroristes ».
Craignant l’escalade, Martin Kobler a estimé sur son compte Twitter que « la tension dans le sud est source d’inquiétude » et exhorté « toutes les parties à faire preuve de retenue ». Dans un communiqué séparé reçu par l’AFP, il a « mis en garde contre un risque d’escalade pouvant mener à un renouvellement du conflit en Libye » et appelé les Libyens « à résoudre leur différends par le dialogue ».
Mais, selon le porte-parole de Haftar, Ahmed al Mismari, une offensive a lieu, ces derniers jours, pour «nettoyer le Sud libyen de toutes les milices et des groupes terroristes qui menacent la sécurité de la Libye et du Tchad».
Un vide politique et sécuritaire s’est créé dans le sud du pays, une région désertique peuplée de tribus rivales, après la chute de Mouammar Kadhafi, laissant place aux trafics en tous genres, à la montée en puissance de milices locales et à des refuges pour jihadistes.
Depuis Benghazi où elle a des affrontements répétés avec les éléments de Daesh, l’armée de Khalifa Haftar a lancé fin 2016 une offensive musclée contre les milices présentes dans le sud de la Libye. Jusque-là rien d’étonnant, le bouillant maréchal n’ayant pas fait mystère de ses intentions. Sauf que les cibles ne sont pas uniquement les terroristes de Daesh, Al Qaïda au Maghreb et autres phalanges apparentées. Haftar cherche surtout à évincer les milices qui y règnent. Fait inquiétant, des combats entre les troupes du maréchal et les milices de Misrata font craindre le pire. Elles ont recouru à des frappes aériennes visant des bases où les milices islamistes sont barricadées, dont celles de Misrata, puis elles ont récupéré des villes comme Al Jofra, Barak al-Chati, Sebha….Haftar a «nommé» plusieurs proches pour administrer ces localités fraîchement conquises. Son état-major affirme que l’offensive va être élargie à toutes les autres villes du Sud pour y instaurer l’autorité du maréchal, bras armé du Parlement de Tobrouk qui continue à refuser la validation au GNA de Fayez al Serraj. Donc, Khalifa Haftar reste sourd aux appels de la médiation onusienne que conduit Martin Kobler, et du Groupe des pays voisins de la Libye (UA), piloté par l’Algérie, qui a tenté tout récemment une approche diplomatique, Haftar ayant précédé al Serraj à Alger.
De plus, son aviation a bombardé fin décembre, et pour la seconde fois, les positions d’un groupe rebelle tchadien qui campe dans cette zone sud. Mahamat Mahdi Ali, chef du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) a dénoncé une connivence entre Haftar et le président tchadien Idriss Déby, tandis que l’armée libyenne parle d’une faction islamiste tchadienne alliée des milices de Misrata.
Haftar: «Moscou veut lever l’embargo sur les armes»
Khalifa Haftar a affirmé hier dans un entretien que la Russie était prête à agir pour mettre un terme à l’embargo sur les armes contre la Libye afin d’en livrer à ses forces. Interrogé par le quotidien italien Il Corriere della sera, le chef militaire libyen a assuré que le gouvernement russe lui avait promis son aide militaire, lors d’un séjour récent à Moscou, mais une fois seulement que l’embargo sur les armes imposé par l’ONU serait levé.Toutefois, assure-t-il, le président russe «Vladimir Poutine agira de telle sorte qu’il soit levé».
TchadConvergence avec lexpressiondz.com
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