A l’occasion de la venue au Tchad du Président français, Emmanuel Macron, la coalition Coordination des Partis Politiques pour la Défense de la Constitution (CPDC) a animé ce samedi un point de presse présenté par Poddi Djimé Bichara. Selon la CPDC, il n’y a « rien à attendre du séjour du Président français » à N’Djaména. Ci-dessous, le texte final de la CPDC parvenu à la rédaction de TchadConvergence.
Le séjour du Président français au Tchad a pour but principal de passer le réveillon de Noël avec les troupes françaises basées dans notre pays. Les Tchadiens, pour ce qui les concerne, n’ont pas le cœur à la fête, même pas la communauté chrétienne principalement concernée par la fête de la nativité.
Emmanuel Macron arrive dans un pays où tous les voyants sont au rouge. Malheureusement au regard de l’histoire des relations entre la France et ses anciennes colonies, dont le Tchad, cette visite est loin de fournir des motifs d’espérer aux Tchadiens.
En effet, quelles solutions Emmanuel Macron aiderait-il à trouver pour désamorcer une crise qui plombe le Tchad à tous les points de vue :
Sécuritaire tout d’abord. Le pays est au bord de l’embrasement. Les Tchadiens qui n’ont que trop souffert des affres de la guerre ont les bras levés au ciel et se demandent qui peut les aider à enrayer cette spirale de violences dont les foyers apparaissent déjà çà et là : Tibesti, Ouaddaï géographique, Guéra, Lac, frontière centrafricaine, etc… ; sans oublier les bruits de bottes des mouvements politico-militaires qui se font de plus en plus menaçant, et ce depuis le 11 août dernier.
Politique : Le processus démocratique est bloqué ; les libertés individuelles et collectives confisquées ; les élections repoussées aux calendes grecques ; le tout couronné par le passage au forceps à la IVème République qui est l’anéantissement de tout ce qui a été consenti depuis plusieurs décennies pour construire un régime et bâtir un Etat de droit orienté vers l’épanouissement des populations tchadiennes.
Economique : Le Tchad ne produit plus rien qui puisse générer des richesses pour le pays. Le peu de ressources existantes est confisqué par les tenants du pouvoir et leurs affidés, dilapidé. Les bonnes récoltes de cette année ne profiteront pas aux producteurs, à cause d’un environnement économique très défavorable : absence de justice indépendante et performante, corruption, prédation,…
Social : L’accalmie observée sur ce front, après six mois de paralysie totale de l’administration publique et surtout des services sociaux (éducation et santé) sera de courte durée. L’effort de guerre engloutira toutes les ressources nationales pour laisser la place au chaos et hypothéquer l’avenir du pays.
Tels sont les ingrédients d’un drame qui se joue au Tchad et qui propulsera encore une fois notre pays au devant de la scène des nations en perdition. La communauté internationale, France en tête, est interpellée. Les enjeux militaires sont certes importants, mais ne sauraient suffire pour garantir une paix durable.
Le Président Emmanuel Macron est bien placé pour savoir qu’on ne peut pas maintenir indéfiniment les populations dans la précarité et le dénuement. Ce qui est valable pour la France l’est aussi pour le Tchad. Tous les peuples ont les mêmes droits et aucun n’est disposé à les abdiquer.
Le Président Macron ferait œuvre utile s’il avait pour préoccupation d’aider les Tchadiens à rechercher les voies et moyens d’un consensus de sortie de crise, à travers un dialogue inclusif associant réellement l’opposition politique, les forces sociales et les politico-militaires. Malheureusement, le programme annoncé ne fait pas de la place à une telle éventualité. En fin de compte, les Tchadiens n’ont rien à attendre de ce séjour conçu dans la pure logique de la françafrique.