(Libreville, 18 décembre) – La réforme de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) a été validée ce mercredi à l’issue de la 9e session extraordinaire des chefs d’Etat des pays membres de cette institution d’intégration régionale tenue dans la capitale gabonaise, indique le communiqué final publié à l’issue des travaux.
Après plusieurs échecs à intégrer économiquement les pays de sa zone, la CEEAC veut, grâce à ce sommet, se réformer pour mieux faire face aux défis de la région.
C’est le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, qui en sa qualité de Président en exercice de la CEEAC, a prononcé le discours d’ouverture en présence de quatre chefs d’Etat notamment Félix Tshisekedi de la RDC, Félix Archange Touadera de la RCA, Idriss Déby du Tchad et Evaristo Carvalho de Sao Tome et Principe.
Bilan mitigé
Créé en 1983, l’objectif de la CEEAC était d’assurer le développement économique, social et culturel de l’Afrique centrale en lui donnant les structures nécessaires pour aboutir à un marché commun entre les 11 pays de la zone centrale africaine.
Le sommet de Libreville a modifié le traité instituant la CEEAC pour le moderniser et l’adapter au contexte actuel. Les onze pays membres ont six mois pour ratifier ce nouveau traité, selon le communiqué.
Le secrétariat général de la CEEAC disparaît et se voit rebaptisé « commission de la CEEAC ». Un engagement fort a été pris pour assurer l’autonomisation financière de l’institution. Les pays membres sont encouragés à collecter et à reverser à la commission la taxe communautaire d’intégration (TCI).
Durant la période de transition, tout le personnel actuel restera en poste. Le prochain sommet de la CEEAC est prévu durant le premier semestre de l’année 2020.
Les documents adoptés à Libreville portent notamment sur le protocole du traité instituant la commission de la CEEAC, le Conseil de paix et de sécurité de l’Afrique centrale (COPAX), le règlement financier, le cadre organique, et le statut du personnel révisé de la Communauté.
Commentant pour Sputnik les réformes adoptées, notamment la mise sur pied d’une commission en lieu et place d’un secrétariat général, avec des pouvoirs plus étendus, Wannah Immanuel Bumakor, universitaire camerounais et expert des relations internationales se montre peu enthousiaste quant à ces mesures.
«Ce n’est pas seulement aujourd’hui que la question de la création d’une commission à la place d’un secrétariat général a été évoquée. C’est une mesure qui a été proposée il y a environ 20 ans mais qui n’a pas été mise en œuvre. C’est pour cette raison que vous remarquerez que la CEEAC depuis 36 ans a été un gros échec dans la mise en œuvre des politiques pouvant faciliter l’intégration», souligne le spécialiste des relations internationales.
Pour lui, ces mesures longtemps annoncées ne peuvent être efficaces que si les dirigeants de la région opèrent un changement d’attitude dans une sous-région réputée pour ses lourdeurs administratives.
«L’intégration dans la sous-région ne sera efficace que s’il y a un changement d’attitude des dirigeants. Et cette révolution doit commencer au niveau de chaque pays membre. Ils doivent mettre en œuvre des réformes politiques et économiques d’abord au niveau de leurs États respectifs, pour accélérer leur développement, avant de les harmoniser au niveau de la région», suggère l’expert.
«Depuis plus de trois décennies, même la simple libre circulation des personnes n’est pas encore une réalité entre ces pays. Nous attendons toujours le passeport du citoyen de la sous-région proposé depuis des années mais qui n’a pas encore été mis en œuvre. Cette lenteur dans le processus d’intégration dans la sous-région est simplement due au manque de volonté politique des dirigeants de ces pays. Comme d’habitude, la gouvernance est au cœur du problème. Ici, les égoïsmes nationaux sont légion. Les dirigeants préfèrent mettre en œuvre des politiques qui leur permettent de rester au pouvoir plutôt que d’améliorer les conditions de vie des citoyens», estime Wannah Immanuel Bumakor.
La CEEAC regroupe onze Etats membres à savoir l’Angola, le Burundi, le Cameroun, la Centrafrique, le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Guinée équatoriale, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda, São Tome et Principe, et le Tchad. Tous ces Etats représentent plus de 6,6 millions de km² et un marché de 187 millions de consommateurs.
TchadConvergence avec fr.sputniknews.com et Xinhua