« Nous n’avons plus rien pour nourrir nos enfants, c’est la mort qui nous sommes en train de voir venir ». « C’est la misère… ». «Nous sommes à bout de souffle et la grève restera notre dernière arme, comme dans ce pays y a pas un Président de la République qui peut dire un mot depuis le déclenchement de cette fameuse crise économique. Désormais nous n’allons pas discuter avec un ministre des finances»
La journée de ce samedi 27 janvier 2018 a été mouvementée dans les différentes banques de la place. Les fonctionnaires ont pris d’assaut les banques pour vérifier leurs soldes soit aux guichets ou aux distributeurs automatiques. A la grande surprise, les salaires du mois de janvier sont coupés. L’heure est grave, lance un fonctionnaire devant un guichet automatique situé à l’avenue Mobutu, tout en ajoutant que, « ma solde est négative de 16 000 FCFA ».
Aux environs de 10 heures, les enseignants et autres fonctionnaires se sont retrouvés dans leurs différentes centrales syndicales pour échanger sur la coupe effectuée sur leurs salaires. A l’école du Centre, devant le siège du Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), une foule nombreuse venue à moto ou à pieds pour s’enquérir sur la tenue de l’assemblée générale et d’autres photocopies la déclaration luminaire du ministre des Finances et du Budget annonçant la coupe des salaires pour le mois de janvier. «Pour le moment on peut rien décider, puisque la majorité des enseignants n’ont pas encore retiré leurs salaires dans les banques. Mais, d’ici mercredi nous allons nous réunir en assemblée générale et de rentrer directement en grève séchée le jeudi», informe, un membre du SET national. Pour lui, cette fois ci il n’y aura un point de non-retour tant que le gouvernement ne paie pas intégralement les salaires des fonctionnaires.
Cette coupe sur les salaires n’a pas épargné aussi les employées du secteur privé. Beaucoup d’entre eux, ont vu leurs impôts augmentés et d’autres ont constaté que, à leur tour leur impôt diminué. «Sur mon bulletin on m’a prélevé plus de 200 000 FCFA, avant j’ai payé moins que ça », confie un employé d’une banque de la place.
Entre temps, à la Bourse du Travail, le secrétaire général de la Confédération Libre des Travailleurs du Tchad (CLTT), M. Brahim Ben Seïd a rencontré à l’issue d’une assemblée générale, les fédérations professionnelles, les syndicats de base, délégués du personnel et les délégués syndicaux. Le débat est devenu houleux et l’ambiance électrique. Dans un premier temps, à l’unanimité, ils décident d’entrer en grève sèche. «Nous sommes à bout de souffle et la grève restera notre dernière arme, comme dans ce pays y a pas un président de la République qui peut dire un mot depuis le déclenchement de cette fameuse crise économique. Désormais nous n’allons pas discuter avec un ministre des finances», déclare un délégué.
D’après M. Brahim Ben Seïd, pour aller en grève, il faut préparer et pour cela nous avons donné mandat à tous les délégués d’informer et sensibiliser la base, pour que chacun ayant cherché son salaire et mercredi soir nous allons nous réunir pour lancer la grève. «La grève est inévitable, mais nous privilégions toujours le dialogue et nous pensons que le gouvernement doit revenir sur ses décisions anti sociales. C’est que le gouvernement viens de couper nous avons eu après dix ans de lutter et des négociations. C’est un recul de la démocratie sans consulter ses partenaires le gouvernement à couper unilatéralement les salaires des fonctionnaires », s’emporte, le secrétaire général de la CLTT. Il estime que le gouvernement peut faire des économies ailleurs en dehors des salaires. «Plus de 4000 fonctionnaires fictifs émargent chaque mois sur la liste de paiement et qui coûtent à l’Etat par an plus de 17 milliards de Francs Cfa, le prix exorbitant des locations des immeubles par l’Etat, la suppression des bourses des étudiants d’où le gouvernement à économiser plus de 7 milliards et plus de 10 milles décrétés qui ne sont pas des fonctionnaires », conseille, M. Brahim Ben Seïd.
Au niveau des enseignants du supérieur, le Syndicat National des Enseignants et Chercheurs du Supérieur (SYNECS) vient de lancer un appel à une grève illimitée à compter de samedi 27 janvier. A l’issue d’une assemblée générale tenue ce samedi, le SYNECS a « décidé d’une grève illimitée dans toutes les universités jusqu’à la satisfaction de toutes nos revendications », a indiqué à l’AFP un responsable de ce syndicat, Faustin Dgigamnarbe. « Nous avons décidé de déposer les craies et de fermer toutes les universités, les écoles normales supérieures et les instituts d’enseignement supérieur dans le pays », a-t-il précisé.
Au lieu de s’occuper de la situation grave dans son pays, le dictateur Idriss Déby s’est envolé pour Addis Abeba pour assister, nous dit-on, à la 30e session ordinaire de l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’union africaine placée sous le thème «Gagner la lutte contre la corruption : un chemin durable vers la transformation de l’Afrique». Il était accompagné de l’inséparable, ces derniers temps, Première Dame Hinda Déby Itno. On voit bien que la peur a changé de camp sur les rives du fleuves Chari.
TchadConvergence avec zamaninfos.com