Le Président Idriss Déby a entamé ce dimanche 25 novembre une visite en Israël, la première effectuée par un président tchadien, alors que les deux pays n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1972.
Idriss Déby Itno, le pire des dictateurs africains, cinq mandats en tant que président du Tchad depuis 1990, vient de faire une visite en Israël où il a été reçu dimanche 25/11/2018 par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Pour Benyamin Netanyahu, il s’agit d’une « visite historique » qui marque une nouvelle percée diplomatique en Afrique. Le président tchadien dont la venue a été tenue secrète a droit à tous les honneurs, à savoir un tête-à-tête et un dîner avec le Premier ministre ainsi qu’une rencontre avec le président israélien, Reuven Rivlin.
Selon les médias, ce rapprochement ne devrait toutefois pas déboucher, dans l’immédiat, sur une reprise des relations diplomatiques. En revanche, un renforcement de la coopération sécuritaire devrait être à l’ordre du jour.
Il y a deux ans, Dore Gold, directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères de l’époque et homme de confiance de Benyamin Netanyahu, s’était rendu au Tchad où il avait rencontré le président Déby. A cette occasion, il a affirmé que les deux pays avaient un ennemi en commun à savoir « le terrorisme islamique ». Selon des experts, Israël aurait déjà vendu du matériel militaire au Tchad pour faire face aux rébellions qui agitent ce pays.
Sur le front diplomatique, Benyamin Netanyahu marque un nouveau point en Afrique où il a effectué trois visites en deux ans, notamment au Kenya, au Rwanda et en Éthiopie.
Après le Tchad, le Premier ministre israélien espère également un réchauffement des relations avec des pays tels que le Mali et la Somalie.
Une conférence de presse commune
Oui à un renforcement de la coopération sécuritaire, mais pas d’échange d’ambassadeurs pour le moment : c’est ainsi que pourrait être résumé le message d’Idriss Déby lors d’une conférence de presse avec Benyamin Netanyahu. « Je suis favorable à un rétablissement des relations diplomatiques, mais on ne peut pas occulter le problème palestinien », a affirmé Idriss Déby en se déclarant un fervent partisan d’un processus de paix en panne depuis des années.
Mais ce point n’était apparemment pas l’essentiel. Comme l’a souligné Benyamin Netanyahu, « la lutte contre le terrorisme est un objectif commun de nos deux pays ». C’est d’ailleurs en partie par ce biais qu’Israël revient en Afrique et que l’Afrique revient en Israël selon l’expression du Premier ministre. Selon des sources tchadiennes, Israël fournit d’ores et déjà du matériel militaire à l’armée et à l’agence de renseignement tchadiens confrontées à des mouvements rebelles et aux islamistes de Boko Haram. Tel-Aviv a fourni des armes à l’armée tchadienne pour combattre les « rebelles », l’année courante, ont indiqué dimanche des responsables tchadiens à un journal israélien. Ces armes sont utilisées dans la lutte contre les « rebelles », dans le nord du pays, ont affirmé des responsables tchadiens [non nommés] au journal israélien « Haaretz ». Mais pas seulement: une société de sécurité israélienne assurera la formation et l’entraînement de la garde rapprochée du despote tchadien. Comprenez par là que des israéliens assureront eux-mêmes cette tâche.
Mais pourquoi maintenant, Idriss Déby se rapproche d’Israël ?
Son pouvoir est vacillant au Tchad. Selon les observateurs, il n’a jamais autant tremblé depuis son arrivée au pouvoir, même lorsque les rebelles sont arrivés dans la capitale en 2008. Cette fois-ci, la sociologie de la situation est différente. Son pouvoir étant clanique et les Béris ne veulent plus se battre et lui auraient demander de « chercher à résoudre la situation ». Même son fils Mahamat Kaka lui aurait dit de « négocier » avec les villageois de Miski. Idriss Déby est-il donc aller se consoler devant le Mur des Lamentations à Jérusalem ?
Interrogé sur les ventes d’armes au Tchad à l’issue d’un tête-à-tête d’une heure avec le président Idriss Déby, Benyamin Netanyahu n’a rien démenti et s’est contenté d’une formule vague : « Nous avons discuté de ce que nous avons discuté », autrement dit rien n’a filtré sur ce dossier très sensible.
TchadConvergence avec Christian Brunel, correspondant de RFI à Jérusalem